25 novembre 2022
La gouvernance de l'Eglise en crise
Vianney Lecointre est diacre du diocèse de Séez dans l'Orne. Il revient sur la crise traversée par l'Eglise en France.
"Dans cette rubrique sur RCF intitulée A vrai dire, il nous faut bien revenir sur la crise que traverse l’Eglise de France, d’autant qu’elle est liée pour une part aux mensonges de certains et à la dissimulation de beaucoup.
Un an après la publication du rapport Sauvé, nos évêques ne s’en sortent pas. Les révélations de ces dernières semaines ont concerné des abus commis directement pas certains d’entre eux, ce qui a bien sûr ajouté à la consternation.
La gouvernance de l’Eglise est ébranlée. J’ai été frappé par la lecture des textes du jour, le 7 novembre, quand, depuis Lourdes, les évêques s’exprimaient sur ces faits. Dans la lettre de Saint Paul à Tite : « Il faut que le responsable de la communauté soit sans reproche, puisqu’il est l’intendant de Dieu ». Dans l’Evangile de Luc : « Il est inévitable que surviennent des scandales ; mais malheureux celui par qui cela arrive ! Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà. » Il va de soi que les hommes qui n’ont pas la conscience claire ne devraient pas accepter la responsabilité d’évêque.
La première chose qu’on demande à un évêque, c’est d’être attentif à toutes les réalités de son diocèse et à toutes les personnes, de faire en sorte que ce qui est bon puisse se déployer, bref de personnifier la portion du peuple de Dieu qui lui est confiée et de la sanctifier. Voilà qui n’est déjà pas tâche facile. N’attendons pas en plus des évêques qu’ils soient des sortes de managers du IIIème millénaire qui mettraient tout sous contrôle.
L’action de l’Eglise ne se limite pas à celle des évêques et, Dieu merci, il n’en a jamais été ainsi. Il nous faut des François de Sales, modèle de saint évêque, mais aussi des François d’Assise, que le Christ avait chargé de rebâtir son Eglise.
Puisque dans l’Eglise et dans la société (voir le mouvement Me Too) les cas d’agressions sexuelles ou d’emprises sous diverses formes sont si nombreux, commençons par nous interroger, chacun de nous, sur notre propre discernement et sur l’attention que nous avons portée aux personnes victimes.
Il faut que chacun prenne ses responsabilités, quitte aussi à placer nos pasteurs devant leurs contradictions pour les aider à éviter toute forme d’abus, et notamment les abus de pouvoir. L’Eglise, c’est nous tous et ce que nous en ferons avec l’aide de l’Esprit Saint."
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