9 décembre 2022
Refusons l'euthanasie
Vianney Lecointre, diacre du diocèse de Séez et délégué départementale de l'association Alliance Vita revient sur l'ouverture des travaux de la Convention citoyenne sur la fin de vie:
"Nous sommes le 9 décembre et c’est aujourd’hui même que commencent les travaux de la convention citoyenne sur la fin de vie. C’est le début du « débat apaisé », entre guillemets, que souhaite le Président de la République. Espérons qu’il ne s’agira pas d’un débat biaisé mais, disons-le tout de suite, on peut en douter. Ainsi, le député Olivier Falorni, défenseur historique de l’euthanasie, auteur par le passé de projets de loi transgressifs en la matière, a été choisi pour examiner la loi actuelle, dite Clayes-Leonetti, qui date de 2016.
Franchement, alors que se succèdent les crises à l’hôpital, chez les soignants, dans les EHPAD, liées aux baisses de budget, est-ce le moment de fragiliser la relation entre le personnel médical, qui a nécessairement une certaine puissance, et le soigné, qui est vulnérable ? M. Macron aurait été bien mieux inspiré de tenir sa promesse électorale, datant de 2017, en proposant le projet de loi Grand âge et autonomie que l’on attend toujours.
Ne nous y trompons pas. Tous les pays qui ont légalisé la mort administrée ont connu de graves dérives. Pour les Pays-Bas, Théo Boer, ancien contrôleur d’euthanasie, dans une récente tribune du journal Le Monde, témoigne de l’augmentation spectaculaire des cas, passés de 2.000 en 2002 à 7.800 en 2021, et qui sont loin de ne concerner que des adultes mentalement aptes et en phase terminale, comme cela était prévu au départ. Au Canada, les personnes physiquement handicapées ou atteintes d’une maladie chronique sont désormais éligibles à l’euthanasie. En Belgique, une jeune femme de 23 ans, qui se portait bien physiquement mais qui était dépressive notamment depuis les attentats de Bruxelles de 2016, a eu accès au suicide assisté.
Comment mener une politique de prévention du suicide dans ce contexte ? Comment favoriser les soins palliatifs, pour lutter contre la souffrance et permettre à chacun de vivre sereinement ses derniers moments, si l’on sous-entend que certaines vies ne sont pas dignes et peuvent en outre représenter un poids pour la société ? L’argument classique, comme quoi il s’agit d’ouvrir un droit à mourir qui n’enlèverait rien à personne, est évidemment fallacieux, car c’est tout le corps social qui serait bien sûr affecté par une loi faisant « sauter le verrou » de l’interdit de tuer.
Alors que faire ? On peut se former ou s’informer, par exemple auprès du collectif Soulager mais pas tuer ou auprès de la Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs (la SFAP), car l’expérience des soignants est à prendre en compte. On peut s’impliquer, soit directement auprès des personnes en souffrance, ce qui une manière d’agir contre le risque de mort sociale, soit en s’exprimant d’une façon ou d’une autre dans le débat. Soulager la souffrance ne peut consister à supprimer le souffrant. Ne soyons pas fatalistes ou indifférents face à de telles évolutions !"
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