10 avril 2025
Les leçons d'humanité tirées d'Auschwitz
Dans ma précédente chronique, je vous ai parlé du concert de Louis Chédid, salle Poirel, le 6 mars. Il y avait interprété Anne, ma sœur Anne, chanson de 1985, dans laquelle il s’adressait à Anne Franck et ne visais « pas tant le FN que les extrêmes de tous bords, l’intolérance qui condamne aveuglement. »
Anne Franck morte du typhus en mars 1945 au camp de Bergen-Belsen, dont la libération était commémorée récemment tout comme celle du camp d’Auschwitz, pour la 80ème année. C’est pourquoi, dans les rayons de nos librairies, on trouve actuellement de nombreux livres qui nous parlent des usines de mort nazis.
Parmi ceux-là Le tatoueur d’Auschwitz de la journaliste australienne Heather Morris qui a ici prêté sa plume à Lale Sokolov qui lui a raconté l’extraordinaire histoire de sa survie et de la façon dont l’amour porté à une jeune femme, Gita, a pu triompher dans cet impitoyable enfer.
Dans la postface de l’ouvrage le fils issu du mariage de Lale et Gita, Gary Sokolov témoigne : « Je me souviens de l’ambiance chaleureuse qui régné à la maison, toujours remplie d’amour, de sourire et d’affection, de nourriture aussi, et de l’humour incisif de mon père. J’ai grandi dans un environnement incroyable et je serai éternellement reconnaissant à mes parents de m’avoir initié à un tel mode de vie. »
En 2023, le cinéaste, vidéaste et écrivain David Taboul a réalisé pour France Télévisions le documentaire Les filles de Birkenau, aujourd’hui devenu un livre paru aux éditions Les Arènes.
Ginette Kolinka, déportée en avril 1944, Judith Elkan-Hervé, Esther Sénot, internée à Drancy en 1943 puis à Birkenau et Isabelle Choko, qui, après la guerre, s’est passionnée pour les échecs et est devenue championne de France en 1956, y ont des choses à dire, se donnent les moyens d’y arriver, jusqu’à couper l’autre s’il le faut, s’opposer violemment, jusqu’à éclater de rire, et entonner ensemble Le chant des partisans.
Dans son introduction, David Teboul dit « on constate que les Juifs aiment raconter des histoires drôle.s, drôlement tragiques. Plus tard, peut-être, les Juifs se raconteront ces histoires et les célébreront comme la sortie d’Égypte aujourd’hui. »
Et, nous chrétiens, allons-nous un jour célébrer le retour à la vie de ces êtres humains revenus de l’enfer, comme une résurrection ? Et comment comprendrons-nous alors la Crucifixion ? Pour essayer de répondre à cette question, je me propose de commenter l’œuvre intitulée Crucifixion. L’artiste allemand Joseph Beuys (1921-1986) qui considérait l'art comme science de la liberté et de la responsabilité a réalisé celle-ci en 1962-63.
On s’attend à ce qu’une crucifixion représente Jésus en croix et au pied de celle-ci Marie et Jean, mais certainement pas deux bouteilles de lait. Mais c’est justement ce que montre Beuys. Un morceau de bois pourri représente la croix. Sur le haut de celui-ci est collé un bout de papier sur lequel on lit difficilement les mots Saldo et Schuld, ce dernier pouvant se traduire à la fois culpabilité et dette. Peut-être une reconnaissance de dette ? En outre, une grosse croix rouge est dessinée sur le bout de papier. La croix de Jésus ? ou la Croix Rouge qui aimerait porter secours aux victimes de violence, mais reste impuissante ? La question reste ouverte. Tout comme on ne sait pas si les deux bouteilles qui représentent Marie et Jean se sentant vidé, après la mort de Jésus.
Sur sa croix Beuys a fixé, avec un clou, un câble électrique. Il peut ainsi nous donner à comprendre qu’aujourd’hui encore Jésus est torturé en de nombreux pays et interpeller l’observateur : combien d’atteintes aux droits de l’Homme Amnesty International dénonce t’il annuellement ?
Contrairement à une crucifixion plus classique, celle de Beuys, nous donne à comprendre que ce qui importait à Jésus c’était l’humanité et la justice.
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