Depuis quelques siècles, les cimetières de France sombrent dans l'oubli et la négligence. C'est une réalité à laquelle la société moderne est confrontée : comment honorer et préserver ce patrimoine funéraire qui porte en lui l'empreinte de nos ancêtres et les échos de leur existence ? Ressusciter ces cimetières, c'est s'engager dans une quête de mémoire et de respect envers ceux qui ont précédé.
"Moi, j'aime beaucoup les cimetières. Ça me repose et me mélancolise", écrivait Guy de Maupassant à travers le personnage de Joseph de Bardon dans la nouvelle Les Tombales. Des lieux à visiter pendant les vacances de la Toussaint, mais aussi toute l'année.
Les cimetières aident à retrouver la mémoire du passé. Ils ont des liens forts avec l’humanité, souligne Marc Faudot, ancien directeur du service des cimetières de Paris, auteur du livre Les cimetières - Des lieux de vie et d'histoires inattendues, éditions Armand Colin. "Le cimetière est un lieu pour réfléchir un petit peu à soi-même et aux autres. Ça n'a rien de négatif !" Dans son livre, il raconte que ses proches lui posent souvent la question "comment peux-tu aimer les cimetières, c’est morbide !". Marc Faudot explique que, pour ceux qui aiment les cimetières, ce sont des lieux qui n’est pas morbide. Mais ils ne sont pas beaucoup visités, certainement parce que "notre société nous empêche de faire notre deuil".
"C’est un endroit où nous restons avec les vivants, même après la mort", explique Jacques Loupforest, administrateur de Patrimoine Aurhalpin, organisateur du Printemps des cimetières, un événement national dédié exclusivement au patrimoine funéraire. "Pour beaucoup de personnes, la visite au cimetière sur la tombe de leurs proches est quelque chose d'important. Il y a tout ce qui revient à l’esprit quand on est à côté de la tombe de quelqu'un qu’on a aimé. Cela aide un petit peu dans notre réflexion”, ajoute Marc Faudot.
En outre, selon l'ancien directeur du service des cimetières de Paris, "ils représentent à la fois la mémoire et le miroir de ce qu'il se passe dans la société". D’un côté, il y a la vie privée des personnes décédées, mais de l’autre, "nous trouvons les traces de tout ce qu'il s’est passé dans notre façon d'être et toutes les évolutions qui ont existé".
Au début du XIXe siècle, les cimetières sont devenus non seulement des lieux de recueil, mais aussi des endroits fréquentés par les promeneurs et les penseurs. En France, des campagnes de communication et d'éducation ont même existé pour encourager la population à se rendre dans les cimetières afin de les observer et de les étudier.
"La symbolique funéraire est tellement vaste et étendue", qu'elle peut être une raison d'une visite au cimetière développe Jacques Loupforest. Des symboles autant religieux que profanes. Par exemple, au cimetière d'Illiat dans l'Ain, on trouve des sabliers, un symbole qui rappelle qu’il faut profiter de la vie quand nous sommes vivants, car elle peut se terminer à tout moment.
De nos jours, le cimetière est devenu un lieu comme un autre pour beaucoup de gens qui n'ont aucune appréhension à venir en visiter un. Mao Tourmen, bénévole et animatrice à l'association Saint-Roch ! Vous avez dit cimetière ? organise des visites qui sont souvent fortes et théâtralisées : "la société comprend vraiment que les cimetières sont comme un lieu de vie".
Et pour les trois invités, c'est une conviction : il y a de la vie ! Des visiteurs, des souvenirs, mais aussi de la végétation, des animaux "qui vont conforter finalement l’aspect d’accompagnement", souligne Marc Faudot. "Il faut donc amener ces éléments de vie et de nature, c’est quelque chose de très important."
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