Ce vendredi 14 mars, c’est la journée mondiale du sommeil. Plus d’un Français sur trois n’est pas satisfait de la qualité de son sommeil. Or, cette dette peut impacter notre vie quotidienne mais aussi notre santé. Des études ont montré les effets d’une privation de sommeil dans le développement ou le renforcement de maladies comme le diabète, l'obésité ou l’hypertension artérielle.
Plus d’un Français sur trois n’est pas satisfait de la qualité de son sommeil. Et 15 à 20 % des adultes sont confrontés à des insomnies selon les données de Santé publique France. Un adulte en France dort en moyenne 6 heures 58 la semaine et 7 heures 40 le week-end. Des nuits courtes qui ne correspondent pas à la moyenne de sommeil idéale qui se situe entre 7 et 10 heures par nuit. Selon une étude de l’Institut du sommeil et de la vigilance, les jeunes aussi souffrent de plus en plus de troubles du sommeil, avec des nuits moyennes de 5 heures, impactées notamment par les écrans.
Le mauvais sommeil, ça peut être dangereux
La dette de sommeil a des conséquences sur le déroulement de notre journée ainsi que sur notre humeur. Les coups de mou, les somnolences, les pertes d’envies rythment le quotidien. Mais les effets du mauvais sommeil peuvent entraîner de vraies maladies souvent graves. “Le mauvais sommeil, ça peut être dangereux, souligne le docteur et psychiatre spécialiste du sommeil Patrick Lemoine. Toutes les nuits, si on dort bien, on fait une mise à jour de notre logiciel immunitaire. Une mise à jour, ça veut dire lutter contre les nouveaux agresseurs, mais également toutes les maladies auto-immunes.”
Par ailleurs, mal dormir risque de provoquer des problèmes cardiovasculaires, comme une hypertension ou une menace augmentée d’AVC ou d’infarctus. Le manque de sommeil entraîne également un état de stress et donc un grand risque d'anxiété, voire de dépression. “Il peut avoir un impact aussi sur la santé mentale, parce que le sommeil est quand même un des piliers de la régulation émotionnelle”, confirme la docteure Isabelle Poirot, psychiatre et vice-présidente de l’Institut du sommeil et de la vigilance. “Le fait de ne pas dormir suffisamment peut nous rendre plus irritables, plus sujets au stress, à l'anxiété, avec des risques éventuellement d'entrer dans la pathologie mentale”, complète-t-elle.
Le sommeil a des impacts plus méconnus sur notre corps et sur nos actions, notamment sur notre manière de manger mais aussi sur notre système digestif. “Il y a aussi des systèmes de régulation de sommeil et des systèmes de régulation de la satiété et de la prise alimentaire qui en fait sont très liés. Donc le fait de mal manger entraîne un sommeil de mauvaise qualité et ne pas dormir suffisamment va entraîner une modification de notre alimentation, de nos capacités à sentir la satiété ou à réguler notre poids”, souligne Isabelle Poirot.
Les troubles, notamment les apnées du sommeil, peuvent également toucher notre système cardiovasculaire. Ces interruptions de la respiration concerneraient 4 à 6 % des adultes. La docteure Isabelle Poirot démontre qu’elles diminuent l’apport en oxygène durant la nuit : “Quand on fait des événements respiratoires nocturnes, notre saturation en oxygène baisse, ce qui fait qu'on n'oxygène pas de façon optimale l'ensemble de notre corps”.
Ces événements respiratoires modifient les systèmes de régulation cardiovasculaire, ils font passer l’ensemble de l’organisme d’un mode sommeil à un mode éveil. En conséquence, si ces apnées du sommeil ne sont pas traitées, elles vont user le cœur prématurément. De plus, des études montrent des risques accrus de développer certains cancers en lien avec un mauvais sommeil.
C’est un allié pour rester en bonne santé. Une bonne qualité de sommeil joue un rôle positif dans le pronostic thérapeutique de nombreux cancers. Joy Perrier est chercheuse à l’unité Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine à l’Université de Caen. Elle a étudié le sommeil perturbé de patientes atteintes d’un cancer du sein. “L’annonce du diagnostic comme les traitements vont aussi perturber le sommeil parce que ça induit une fatigue. Ces patientes ont une perturbation d’attention et de mémoire”, explique la chercheuse.
“Mais si vous dormez bien, vous allez limiter ces difficultés cognitives. Par exemple, vous oublierez moins vos rendez-vous ou vos traitements. De façon indirecte, ça va forcément impacter la réponse au traitement. Prendre en charge le sommeil, c’est aussi contribuer à la récupération post-traitement”, conclut-elle.
Chaque matin à 7h10, les journalistes de RCF décryptent un sujet d'actualité en profondeur, dans la Matinale RCF.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !