Outil scientifique objectif de mesure de l’opinion publique et des intentions de vote, le sondage est aussi un objet de polémique. Le directeur général adjoint de l'institut de sondage OpinionWay, Frédéric Micheau admet sa nature ambivalente. Mais il reste selon lui "un puissant outil de connaissance du réel". Auteur du livre "Le sacre de l'opinion" (éd. Cerf), il est l'invité de Simon Marty dans La Matinale RCF.
"Je ne comprends pas ce besoin de sondage ! Pour se renseigner sur les sentiments des Français, il suffit d’écouter mes discours", a déclaré le général de Gaulle. Sans doute le seul président de la Ve République à n'avoir jamais utilisé de sondages pour conduire une campagne électorale. Lui qui "était convaincu d’incarner la voix de la France". Il est vrai que les sondages ont d'abord suscité une certaine peur chez les politiques, comme s'ils pouvaient battre en brèche l'image de l'homme politique providentiel.
Apparus en France à la fin des années 30, puis réapparus à la Libération, les sondages ont "végété pendant toute la IVe République", où ils étaient très peu utilisés. C'est à partir de 1958, avec la Ve République et les différents référendums qui ont fondé le régime qu'ils sont réapparus sur la scène médiatique, explique Frédéric Micheau. Dès lors, ils se sont très vite imposés, notamment au moment de l'élection présidentielle.
On s'est rapidement rendu compte de la "nature ambivalente" des sondages d'opinion, note Frédéric Micheau. À la fois "outil scientifique objectif qui vise à mesurer l’état de l’opinion publique, les intentions de vote", le sondage est aussi "un objet dans le jeu politique dont il faut imposer une interprétation". Avec "cette deuxième nature qui apparaît" les sondages sont devenus des "objets de polémique" au cœur des débats durant les campagnes électorales.
En octobre dernier, à six mois de la présidentielle, le quotidien Ouest France a annoncé qu'il se passerait des sondages pour couvrir la campagne. En 2017, Le Parisien avait voulu "faire une pause avec les sondages"... "Ceux qui se sont lancés dans cette politique d'abstinence sondagière, répond Frédéric Micheau, sont qui ceux qui par le passé ont été les plus grands consommateurs de sondages en France." Pour le directeur d'OpinionWay, il y a sans doute "un juste milieu" à "chercher". Le sondage reste pour lui "un puissant outil de connaissance du réel".
Les réseaux sociaux discréditent-ils les instituts de sondage classique ? Certaines start-ups cherchent à "ringardiser" les instituts de sondage, regrette Frédéric Micheau. Il porte par ailleurs "un regard très ouvert et très positif" sur les nouveaux outils de mesure de l'opinion. "Nous sommes toujours très ouverts à toutes ces innovations, à toutes ces start-ups qui proposent de nouveaux moyens d'écouter, d'observer, d'enregistrer, de suivre l'opinion publique, nous travaillons avec certaines d'entre elles."
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