Mgr Bruno Feillet et Mgr Grégoire Cador ont profité des fêtes de Pâques pour inviter les catholiques à réfléchir sur le sens de la proposition de l’aide active à mourir. Une façon pour l’Église de préparer les chrétiens aux débats politiques à venir.
Pendant la Semaine sainte l'Église rappelle son message concernant les débats portant sur l'inscription de l'IVG dans la constitution et sur la fin de vie. L'évêque de Séez y voit un contraste au moment de fêter Pâques. Il s'interroge sur les choix de société portés sur « les plus faibles » au moment où l'Église célèbre la victoire de la vie sur la mort.
Dans un message adressé aux catholiques du diocèse, Mgr Bruno Feillet constate une société qui s'évertue à accélérer « la mort des malades ou de nos grands aînés », dans le projet de loi sur l'aide active à mourir.
Puissions-nous retrouver ce goût de la vie et de l’accompagnement de toute vie. Tenir la main de notre parent jusqu’à son dernier souffle fait autrement du bien que de pousser la seringue pour abréger sa vie.
Ce message n’est pas isolé. La Conférence des évêques de France (CEF) a exprimé une grande inquiétude à l’annonce du projet de loi sur l'aide active à mourir. Dans une déclaration « Ne dévoyons pas la fraternité », la CEF rappelle son « attachement à la voie française du refus de la mort provoquée et de priorité donnée aux soins palliatifs ».
Le nouvel évêque de la Manche a également alerté les fidèles, pendant les fêtes de Pâques, des conséquences d’une telle loi sur les esprits des personnes les plus vulnérables. Pour Mgr Grégoire Cador :
L'oubli volontaire du principe intangible “tu ne tueras point”, conduit inéluctablement que certaines vies ne valent plus la peine d'être vécues [...]. On commence à entendre des personnes, diminuées dans leurs capacités (âge, maladie, handicap), culpabiliser d'exister. Ainsi, ce qui est présenté comme un légitime droit à mourir dans la dignité, évolue vers un devoir de partir.
Cela fait quelque temps que les évêques préparent l’esprit des fidèles sur la question de la fin de vie. Mgr Bruno Feillet s'est engagé dans son diocèse sur les soins palliatifs. Pour lui, la peur de la souffrance ne doit pas entraîner une légalisation de l'euthanasie. Mais elle peut être tempérée par un accompagnement digne des personnes en fin de vie.
L’actuel évêque de Séez avait signé un texte sur la fin de vie en 2018 avec 118 évêques dont Mgr Jacques Habert, évêque actuel de Bayeux et Lisieux. Ils appelaient déjà à « réfléchir le plus sereinement possible, en évitant les écueils des passions et des pressions. ». L’archevêque de Rouen était également signataire de cet appel. Mgr Dominique Lebrun a pris la parole dans les médias pour mettre en garde sur les « dérives de l’aide à mourir ». En 2022 sur France Info, il mettait en cause « le libéralisme qui va jusqu'au bout et qui crée de la souffrance, de l'inégalité et qui défait le lien social », comme l’initiateur de l’idée d’aide active à mourir.
L’Église ne reste pas en marge de ce débat de société à venir. De son côté, l’exécutif craint qu’une mobilisation des chrétiens sur la fin de vie s’apparente à la « Manif pour tous ». Le mouvement social opposé au mariage des couples de même sexe a laissé une forte empreinte dans l’imaginaire politique. Une crainte partagée par certains militants anti-euthanasie, comme relate nos confrère de La Croix, pour la mauvaise image qu’avait laissé ce mouvement dans l’opinion publique.
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