La tension monte encore d’un cran au Liban. Après la mort, vendredi, du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, atteint par un tir dans la banlieue sud de Beyrouth, la situation s'envenime. Ce lundi matin, l’armée israélienne a mené une frappe au cœur de Beyrouth, la première depuis le début des hostilités entre Israël et le Hezbollah. Nous faisons le point avec Antoine Basbous, politologue franco-libanais, spécialiste du monde arabo-islamique et directeur de l’Observatoire des pays arabes.
Le Front de libération de la Palestine a annoncé la mort de trois de ses membres, lundi matin, dans une frappe de drone qui visait un appartement dans le quartier de Cola, au cœur de Beyrouth. La population civile est frappée par le désespoir, provoquant un mouvement d'exode et de chaos.
Dimanche, le ministère de la Santé libanais a annoncé que les raids aériens menés par l'aviation israélienne avaient fait au moins 105 morts. Ces frappes ne sont pas comparables à la situation à Gaza, selon Antoine Basbous : "À Beyrouth, il y a des frappes ciblées, même si les cibles sont élargies. Quand un dirigeant occupe un étage et qu'il est frappé, ceux des étages supérieurs et inférieurs sont également touchés. Mais on ne cible pas des quartiers entiers comme à Gaza." D'après le politologue franco-libanais, Israël réalise des assassinats ciblés contre les dirigeants militaires du Hezbollah. Les victimes civiles se multiplient, car les dirigeants visés se réfugient dans des bâtiments situés à proximité des hôpitaux, crèches et écoles, mettant en péril leurs voisins.
À Beyrouth, il y a des frappes ciblées, même si les cibles sont élargies. Quand un dirigeant occupe un étage et qu'il est frappé, ceux des étages supérieurs et inférieurs sont également touchés. Mais on ne cible pas des quartiers entiers comme à Gaza.
Le Premier ministre libanais a annoncé hier que le pays n'était plus en mesure de gérer les vagues d'immigration qui le touchent. "Il y a un million de réfugiés dans un tout petit pays déjà submergé par 2,2 millions de réfugiés syriens et les réfugiés palestiniens présents depuis des décennies", analyse Antoine Basbous. La traque des dirigeants du Hezbollah par Israël pourrait être une opportunité pour redonner vie à l'État libanais, en faillite et sous l'emprise de l'Iran depuis cinq ans, conclut le politologue.
La mort samedi du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, considéré comme l’homme le plus puissant du Liban, remet en cause toute l’organisation du pays. Selon Antoine Basbous : "Le Hezbollah, dans ses branches politique et militaire, est décapité. On ne sait plus qui est vivant, qui est blessé ou qui se cache. Ils ne peuvent pas réunir leur shoura pour désigner un successeur à Nasrallah car ils sont traqués. Cela tourne la page de 45 ans de règne de plus en plus absolu sur le Liban."
Le Hezbollah, dans ses branches politique et militaire, est décapité. On ne sait plus qui est vivant, qui est blessé ou qui se cache. Ils ne peuvent pas réunir leur shoura pour désigner un successeur à Nasrallah car ils sont traqués. Cela tourne la page de 45 ans de règne de plus en plus absolu sur le Liban.
Le Hezbollah a importé le conflit au Liban en déclarant la guerre à Israël le 8 octobre dernier, pour la deuxième fois depuis 2006. Cette entrée en guerre n’a pas été faite de manière démocratique et légitime, selon Antoine Basbous, car la décision n’a pas été prise par le conseil des ministres, ni discutée devant le Parlement. L’intervention du Hezbollah dans le conflit opposant le Hamas à Israël a contribué à la mondialisation de la crise. "Les autres pays arabes ne s’en sont pas mêlés. Je ne crois pas à un élargissement du conflit, car c’est Israël qui mène la danse et prend les initiatives. Si Israël frappe le Hezbollah en ce moment, c’est peut-être pour préparer une attaque contre le programme nucléaire iranien, en évitant d’avoir des missiles balistiques en riposte pendant qu’il traiterait les cibles en Iran", conclut le directeur de l’Observatoire des pays arabes.
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