JavaScript is required

Pour bien comprendre... La place des langues régionales

Un article rédigé par Margot Maignet - RCF, le 31 mai 2024 - Modifié le 2 juin 2024
Pour bien comprendrePour bien comprendre... La place des langues régionales

Face au risque de disparition des langues régionales, les associations se mobilisent pour réclamer leur préservation. Plusieurs rassemblements sont organisés samedi 1er juin, notamment en Alsace, en Bretagne et en Corse. Peo Jorajuria, président de la fédération Seaska, qui scolarise des enfants du Pays Basque nord, fait l'état des lieux de l'enseignement du basque et pointe les obstacles à sa pratique. 

 

Le drapeau basque ©Photographie de Lilian Cazabet / Hans Lucas.Le drapeau basque ©Photographie de Lilian Cazabet / Hans Lucas.

Les associations de langues régionales demandent le droit de vivre avec leur langue ainsi qu’une modification de la Constitution. En effet, depuis 1539 et l'ordonnance de Villers-Cotterêts, le français est la langue officielle du pays. Un point repris dans le 2e article de la Constitution de la Vème République qui stipule que "la langue de la République est le français". Et si cette langue commune a permis de faciliter les échanges entre les différentes régions françaises, d'aucuns déplorent qu'elle ait aussi porté atteinte aux langues régionales ; la plupart d'entre elles étant de moins en moins parlées. 

Et c'est pour contrecarrer la disparition de ces dialectes, que la loi Molac relative à la protection et à la promotion des langues régionales a été adoptée en 2021 par le Parlement. Elle reconnait l’existence d’un patrimoine linguistique dans le pays, assure l'enseignement des langues régionales tout au long du parcours scolaire de l'élève. Elle autorise aussi les services publics à recourir à la traduction en langue régionale sur les panneaux et les bâtiments par exemple. Mais face à son manque de mise en œuvre, les associations sont vent debout. 

La pratique quotidienne d’une langue régionale 

Au Pays basque, de plus en plus d'élèves étudient la langue basque. Sur l'enseignement primaire, 47% des élèves choisissent le bilingue ou l'immersif. Un seuil limité, non par le choix des parents, mais par l'offre qui est proposée. Malgré une forte demande, 30% des écoles ne proposent pas cet enseignement. 

À chaque fois qu'on ouvre de nouvelles sections, on a de nouveaux élèves. Le choix des parents a toujours été très fort, mais la question de l'offre limite cette réalité.

L'objectif de faire étudier aux enfants la langue basque est de la transmettre : c'est une langue qui est utilisée au quotidien dans la réalité, dans la rue, dans la culture. Vivre en pays basque sans parler la langue basque, c'est passer à côté de pleins de choses qui se font dans cette langue”, explique Peio Jorajuria. Si elle est utilisée au quotidien, ce n’est que dans certains domaines. Dans la vie publique et administrative, elle continue d'être interdite.

Les langues régionales menacées de disparition ? 

Pour Peio Jorajuria, “il n'y a aucun doute" sur le fait que les langues régionales sont en danger. Il appuie ses propos en citant les atlas des langues en danger de l’UNESCO, dans lesquels figurent toujours les langues régionales françaises. 

“Pour qu'une survie soit assurée, il faut à peu près 30% de locuteurs sur un territoire. Il faut surtout un cadre qui permet cet usage”. Pour le basque, l'environnement français qui n’est pas propice à l’épanouissement des langues régionales : “certains prénoms continuent d'être interdits en France. On peut appeler son enfant John ou Ashley sans aucun souci, mais certains prénoms basques sont interdits par l'administration”.

Pour qu'une survie soit assurée, il faut à peu près 30% de locuteurs sur un territoire.

Bien que les langues régionales soient incluses dans le patrimoine de la France, les associations de défense estiment que le pays n'en fait pas assez au regard de la loi parce que “l'apprentissage est autorisé, mais pas l'usage”.

Une méconnaissance des autorités ? 

Selon Peio Jorajuria : "parler une langue différente du français n'empêche pas d'apprendre le français. Le multilinguisme est la norme au sein de l'humanité. En France, historiquement, on oppose le fait de connaître une autre langue avec le fait de connaître le français. C'est un archaïsme issu de la révolution, mais qui totalement obsolète". 

Pour les associations de défenses régionales, les autorités ne connaissent pas suffisamment les régions et ce qui peut être essentiel pour ces habitants. “On le sait, les législateurs sont toujours prêts à nous accompagner pour renforcer le cadre législatif pour permettre l'usage de nos langues. C'est d'un point de vue de l'administration qu'on a un blocage conséquent”, estime Peio Jorajuria.

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.