La commission d’enquête parlementaire sur le contrôle de l’État et la prévention des violences dans les établissements scolaires entame ses auditions ce jeudi 20 mars. Après une série de déplacements sur le terrain, les députés entendront notamment huit associations de victimes, dont celle de l'affaire Bétharram.
Ce jeudi 20 mars, la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire entame une série d’auditions, en donnant d’abord la parole aux victimes. Parmi elles, Pascal Gélie, bénévole chez RCF Bordeaux et ancien élève de l’école de Bétharram, qui espère que cette démarche permettra de mesurer l’ampleur des dysfonctionnements et d’améliorer la prévention dans le milieu scolaire. “Nous sommes là pour faire la lumière sur les dysfonctionnements du contrôle de l'État, qu'ils concernent les établissements privés ou publics”, explique Violette Spielbutt, députée Renaissance et co-rapportrice.
Ce jeudi 20 mars marque une étape clé dans le travail de la commission d’enquête. Après avoir mené des déplacements sur le terrain les députés vont entendre les représentants des associations de victimes. “Il faut faire le constat qu’il y a eu des dysfonctionnements partout et que tout le monde a peur d'en parler. Si on continue de tout cacher, on ne protège pas les enfants”, estime Pascal Gélie, bénévole à RCF Bordeaux et victime de violences à Betharam durant sa scolarité. “Ce travail doit se faire avec l’Église et non contre elle. Il faut ouvrir les yeux sur ces réalités difficiles et sales, pour mieux les combattre” , ajoute-t-il.
Par ailleurs, les travaux de cette commission d’enquête parlementaire pourraient contribuer à continuer de libérer la parole. “Ça a un effet libérateur, mais ça ne veut pas dire que la parole est totalement libérée. Nous avons des camarades qui ne peuvent que lire les commentaires sur nos groupes WhatsApp ou Facebook, et qui ne peuvent pas participer parce que c'est trop dur”, confie Pascal Gélie.
Lors d’un déplacement à Bétharram, les députés ont constaté la disparition de certains dossiers administratifs de personnel visé par des procédures. Ils ont néanmoins découvert un signalement de violence sexuelle entre élèves datant des années 2020 et ont alerté le procureur de la République de Pau.
Si les premiers cas concernent principalement des établissements privés catholiques, la commission entend élargir son champ d’investigation. Et les premiers travaux de la commission ont déjà mis en évidence des lacunes. “Nous avons relevé des protocoles complexes inefficaces ou inexistants. Les signalements de violences faites à des enfants ont des traitements très aléatoires. Ça aboutit parfois au silence, à l'omerta ou au classement sans suite de plaintes” , précise la co-rapportrice.
Cette volonté d’examiner l’ensemble du système éducatif vise à éviter que des cas similaires ne se reproduisent, quel que soit le type d’établissement.
Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, se dit "très favorable” à cette commission et appelle à “un travail objectif avec en tête uniquement l’intérêt des enfants sans arrières pensées politiques”. “Nous savons, depuis le rapport Sauvé, que des abus ont eu lieu dans nos établissements. Il faut l’accepter, reconnaître notre responsabilité et prévenir ces situations”, ajoute-t-il.
Le Premier ministre François Bayrou a déclaré qu'il répondrait bien à une convocation devant les députés. La ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, sera aussi entendue dans les prochaines semaines
La Commission compte aussi s'appuyer sur certaines initiatives et expérimentations menées dans les territoires pour établir son rapport final d’ici juin et proposer des recommandations au gouvernement. Il pourrait aussi faire l’objet d’une proposition de loi pour les mettre en œuvre.
Le gouvernement prévoit par ailleurs de renforcer les contrôles dans les établissements privés sous contrat. Une mesure saluée par Philippe Delorme, qui y voit une opportunité d’assurer une meilleure transparence et de contrer certaines idées reçues sur l’enseignement privé.
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