"Mesdames, ne laissez personne vous dire que vous avez dépassé votre date de péremption !" Cette phrase prononcée par l’actrice malaisienne de 60 ans Michelle Yeoh, au moment de recevoir son Oscar de la meilleure actrice en mars dernier, devrait être le mantra de toutes les femmes. Mais dans une société marquée par de nombreuses injonctions à la beauté et à la jeunesse, difficile de s’appliquer cette philosophie. Dans ce contexte, comment vivre au mieux son vieillissement ? La psychologue Marie de Hennezel, spécialiste de la question de la vieillesse, livre quelques conseils.
Vieillir, "c’est plus difficile pour les femmes parce qu’elles sont prises dans des normes sociétales où la femme doit être jeune, séduisante et avoir une certaine allure", observe Marie de Hennezel. Et ces normes sont à peine dissimulées, la preuve avec les crèmes dites "anti-âge" vendues dans le commerce. "Cette expression est complètement absurde parce que ce serait signifier que l’âge est un ennemi, qu’il faudrait lutter contre lui et que ce serait interdit de vieillir", déplore l’auteure de "L’aventure de vieillir. Et si avancer en âge était un voyage ?" (éd. Robert Laffont, 2022).
Malgré ces injonctions à la jeunesse éternelle et au bistouri, accepter de vieillir est loin d’être une utopie, d’après la psychothérapeute qui organise des ateliers pour les femmes de 60 à 100 ans. C’est d’ailleurs au travers de ces rencontres qu’elle a pu observer des femmes s’épanouir une fois leur "révolution narcissique" effectuée : "C'est-à-dire qu’elles ont accepté qu’elles allaient avoir des rides, que leur corps allait changer. Elles font la différence entre corporéité (ce que je vois dans le miroir) et corporalité (comment je me vis)."
L’autre déclic pour accepter sa nouvelle apparence, c’est de se rendre compte que l'on peut être une femme âgée et radieuse ! Radieuse "jusqu’au bout de la vie, insiste Marie de Hennezel, à partir du moment où on a ce rayonnement à l’intérieur de soi et qu’on va le laisser passer" par le sourire ou le regard... Bien vieillir, c’est aussi accepter les paradoxes : si la peau vieillit inéluctablement, la curiosité d’esprit, l’ouverture du cœur, la perception, l’envie d’aimer et d’être aimé, eux ne vieillissent pas. À condition qu’on les entretienne bien sûr.
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D’où l’importance de se sentir bien psychologiquement. "La clef est intérieure. Ce n’est pas un repli sur soi, pas du tout, c’est plus on est bien à l’intérieur de soi, plus on est ouvert aux autres." Et plus cela se verra dans l’allure, estime la psychothérapeute.
Pour cela, il est précieux d’être au clair avec la question de la mort car bien souvent la peur de vieillir est surtout liée à une peur de la mort. L’aborder avec sérénité et sans tabou permettra ainsi de vivre mieux sa vieillesse. De la même façon, "il faut être en paix avec son existence", affirme Marie de Hennezel. "On traîne tous des valises avec des remords, des regrets ou des rancunes. Il n’est pas trop tard à partir de 60 ans de faire un travail d’allégement de ces valises."
Enfin, si ce travail d’introspection demande de regarder en arrière, il ne faut pas tomber dans la nostalgie et vivre l’instant présent intensément. Tout en n’oubliant pas de "faire alliance avec son corps parce que je pense qu’on a une responsabilité" vis-à-vis de lui. Cela passe par une bonne alimentation, une activité physique régulière et la méditation, l’un des meilleurs alliés contre le stress et la dépression qui sont les ennemis du bien-vieillir.
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