Le Pacte du pouvoir de vivre, une alliance pour revitaliser la démocratie
En partenariat avec REVUE PROJET
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La France d'aujourd'hui n'est plus ce monde structuré par des forces politiques et institutionnelles républicaines. Dans une société disloquée, où les voix des minorités portent plus que celle de la majorité, la tâche des candidats à l'élection présidentielle est complexe. Notre démocratie représentative est-elle à bout de souffle ?
"Peu de nations sont aussi imprévisibles que la nôtre", écrit Éric Roussel dans "C'était le monde d'avant - Carnets d'un biographe" (éd. L'Observatoire). Il n’y a qu’à voir le XIXe siècle qui a été une suite de révolutions : Charles X est tombé pour avoir voulu ressusciter la France d’avant 1789, Louis-Philippe pour avoir refusé l’élargissement du corps électoral, Napoléon III pour sa politique étrangère… Plus largement, entre 1789, 1793, 1830, 1848, 1870, 1934 et 1968 : une ligne de fracture parcours l’histoire de France. "Et on peut ajouter 1981 : c’est largement un effet différé de mai 68."
Les Français ne sont-ils pas encore plus imprévisibles dans le monde d’après ? Dans celui d’avant - un monde structuré par des forces politiques et institutionnelles républicaines, où ni l’abstention ni les extrêmes n’étaient maîtresses du jeu politique -, avant donc, "l’autorité de l’État n’était pas complètement érodée" et "ceux qui aspiraient au pouvoir dans le passé s’adressaient à un peuple relativement homogène", selon Éric Roussel. Aujourd’hui, dans une société disloquée en archipels (voir le livre de Jérôme Fourquet "L’Archipel français", éd. Seuil, 2019), la tâche des candidats à l’élection présidentielle est "plus compliquée". Dans chaque camp, ils ont "des langages alternatifs", note l'écrivain, "sans crainte de se contredire".
"Le conflit à la française est toujours provoqué par une minorité", selon Laetitia Strauch-Bonart. Minorités qui, si elles sont "organisées et influentes", peuvent avoir beaucoup « plus d’effets que la majorité". Dans son livre "De la France - Ce pays que l'on croyait connaître" (éd. Perrin), la journaliste et rédactrice en chef au Point décrit ce procédé minoritaire à l’œuvre dans de nombreuses luttes. Ainsi le phénomène des "Gilets jaunes", qui l’a "fascinée" : "J’avais l’impression que c’était un condensé d’histoire politique française, avec la tradition de la contestation à la française et en même temps quelque chose de très nouveau avec les réseaux sociaux, etc."
Or, "si les minorités tendent à vouloir s’exprimer tout le temps de manière intempestive, dit-elle, c’est bien qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans notre expression normale politique". L'hypothèse de Laetitia Strauch-Bonart, c’est qu’il y a un "un problème dans la représentation". Notre démocratie représentative ne serait pas seulement à bout de souffle, mais "mal ficelée dès le départ".
Il y a une constante, semble-t-il dans notre histoire. "Les Français révèrent la liberté dans son principe mais ne l’apprécient qu’à la condition impérative qu’elle s’accompagne d’une très forte dose d’égalitarisme", écrit Éric Roussel. Cette tension constante entre passion pour la liberté mais aussi pour l’égalité, est-ce cela qui fait dire à Laetitia Strauch-Bonart que "malgré l’archipélisation, il y a quand même un sentiment d’unité, voire d’uniformité" en France ?
L’actualité s’enracine dans notre histoire. Chaque événement peut être relié au passé pour trouver des clés de compréhension. Relire l’histoire, c’est mieux connaître et comprendre le présent. Chaque semaine, Frédéric Mounier, auteur du blog Les Racines du présent, invite des historiens à croiser leurs regards sur un sujet contemporain pour mieux appréhender notre présent et envisager l’avenir.
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