Dunkerque, cette cité du Nord, accueille actuellement deux expositions qui méritent le déplacement, au sein d’institutions qui fêtent la même année leur 40e anniversaire. Le Fonds régional d’art contemporain, dénommé Frac Grand Large. Et le musée Laac, ce qui signifie Lieu d’art et action contemporaine.
Mais avant de parler de ces expositions j’aimerais dire un mot du bâtiment hébergeant le Frac Grand Large qui est une remarquable réussite architecturale, inaugurée il y a dix ans. Le programme du concours d’architecture prévoyait la reconversion d’une halle de chantier naval sur le rivage de la mer du Nord. Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal ont eu une idée toute simple. Conserver la halle telle qu’elle était, témoin du passé industriel de Dunkerque, comme lieu pour exposer des œuvres de grande taille et accueillir par exemple des concerts. Et bâtir, tout contre la halle, un deuxième bâtiment d’un volume identique, parfaitement adapté à un usage muséal. Cela ne coûtait pas plus cher que de transformer le vieux bâtiment. Le résultat est d’une justesse étonnante. On comprend que Lacaton et Vassal aient obtenu en 2021 le prix Pritzker, la plus haute récompense du monde de l’architecture.
L’exposition "De leur temps" offre un remarquable panorama de l’art de notre temps. Les œuvres sont issues de collections privées d’art contemporain. Cinquante-huit collectionneurs ont prêté 122 œuvres de 111 artistes. La sélection a été faite par la directrice du Frac Grand Large, Keren Detton, et Michel Poitevin, grande figure du monde des collectionneurs.
Il faut le reconnaître, l’art contemporain peut être difficile d’accès. Très cérébral, provocateur, facilement choquant. Parfois, le spectateur peut se dire : on se moque de moi. Eh bien, ce n’est pas le cas, ou presque, dans l’exposition de Dunkerque. On y voit de très beaux tableaux, notamment figuratifs, registre qui semble retrouver actuellement de son prestige. Quelques noms connus comme Damien Hirst, Marlene Dumas ou Cindy Sherman mais surtout des artistes émergents. Par exemple la Syrienne Miryam Haddad ou la Kazakhe Saule Suleimenova.
Là aussi, il y a une belle histoire à raconter. Le fondateur de ce musée, ouvert en 1983, s’appelait Gilbert Delaine. Ingénieur des Ponts-et-Chaussées, il découvre l’art contemporain dans les années 1970, un peu par hasard, et décide de constituer une collection destinée à sa ville de Dunkerque. Avec l’aide de mécènes, il va voir les artistes en leur disant : je vous achète une œuvre et vous en offrez une. Et ça marche. Le Laac rassemble aujourd’hui de grands noms comme Karel Appel, César, Alexandre Calder, Olivier Debré, Eugène Leroy ou Pierre Soulages. Catholique engagé, Gilbert Delaine, décédé en 2013, est aussi à l’origine d’une collection consacrée à la Passion du Christ, qui est exposée dans la crypte de la cathédrale de Lille.
Pour le 40e anniversaire de son ouverture, le Laac revisite sa riche collection en invitant 13 jeunes artistes à choisir des œuvres du musée pour les confronter à leur propre travail. L’aventure lancée par Gilbert Delaine se prolonge ainsi avec une belle fraîcheur d’âme.
> Exposition "De leur temps", au Frac Grand Large jusqu’au 23 avril
> Exposition "Comme de longs échos qui de loin se confondent", au Laac jusqu’au 7 mai
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