Aujourd’hui, je vous propose le portrait d’un graphiste, Étienne Robial. Une exposition qui lui est consacrée au Musée des Arts décoratifs à Paris me donne l’occasion de parler d’un métier qui passe trop inaperçu...
D'abord, je souhaite ajouter un post-scriptum à ma précédente chronique. J’avais évoqué l’imminence d’un accord entre le British Museum et le gouvernement grec pour le retour à Athènes des frises du Parthénon. Eh bien, il n’y aura pas d’accord. La ministre britannique de la culture a affirmé mercredi dernier que c’était hors de question. Mais je fais le pari que, tôt ou tard, les discussions reprendront.
Un graphiste, c’est celui qui conçoit la mise en page d’un journal ou d’une affiche, la couverture d’un livre, le logo d’une entreprise, la signalétique d’un stade ou d’un musée. Le nom de ces professionnels demeure inconnu du grand public alors que leurs créations sont très présentes dans la vie de tous. Étienne Robial, qui est né à Rouen en 1945, est un bon exemple. Son nom n’est guère connu que des professionnels. Et pourtant il a conçu par exemple tout l’habillage de Canal + et de la chaîne M6 ou encore un logo pour le Paris Saint-Germain.
L'exposition traduit les passions d’Étienne Robial qui collectionne toutes sortes de choses. Il possède par exemple l’intégralité des romans policiers de la Série noire, soit quand même 2.500 volumes.
L’exposition est riche en documents sur la bande dessinée. Car Robial a été dans un premier temps un grand éditeur de BD en fondant la maison Futuropolis. Ce fut, en France, la première à promouvoir les auteurs des albums comme des artistes qu’il s’agisse de Tardi, Moebius, Calvo ou encore Hugo Pratt. L’exposition présente de belles planches de ces différents auteurs.
On découvre aussi comment Robial a travaillé pour le groupe Canal + en inventant un nouveau métier, celui de l’habillage audiovisuel où le graphisme prend la forme d’images vidéo. Avec des jeux très complexes sur les couleurs et sur le lettrage. Robial est un passionné d’alphabets, il en créé 82.
Cela demande effectivement une grande passion pour les lettres. Robial, par exemple, était admiratif du lettrage des boîtes de conserves de la marque suisse Lenzbourg car chaque lettre était dessinée à la main. Il a commencé en 1967 à en collectionner les étiquettes et recopié les lettres pour constituer un alphabet. La lettre G compte ainsi une quinzaine de formes différentes.
Je voudrais évoquer un dernier cas qui est lié aux activités d’enseignant d’Étienne Robial au sein l’école d’art graphique Penninghen à Paris. Il a dirigé le projet de recherche d’une étudiante, Lena Hellegouarch, sur l’alphabet Sütterlin. En 1911, Ludwig Sütterlin reçoit des autorités allemandes la mission de rénover l’écriture manuscrite gothique enseignée dans les écoles. Il crée donc un alphabet qui sera enseigné pendant 30 ans jusqu’à ce qu’il soit interdit par Hitler au motif fallacieux que l’écriture gothique aurait des origines juives.
L’alphabet Sütterlin est tombé dans l’oubli et plus personne ne parvenait à lire cette écriture très particulière. Grâce au travail de numérisation réalisé à Penninghen, les Allemands peuvent à nouveau lire les lettres écrites par leurs grands-parents.
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