Les frises du Parthénon vont-elles quitter Londres pour retourner en Grèce ? Bientôt, il pourrait y avoir du nouveau sur cette question qui oppose le gouvernement grec aux autorités britanniques depuis des décennies.
L’origine de cette controverse se trouve au début du XIXe siècle lorsque l’ambassadeur britannique à Constantinople, Lord Elgin, voulut se constituer une collection de marbres antiques. À l’époque, la Grèce était sous la domination de l’Empire ottoman auprès duquel Lord Elgin obtint l’autorisation de fouilles sur le site du Parthénon. Les équipes de Lord Elgin firent une lecture maximaliste de cette autorisation. Et c’est ainsi que 75 mètres de frises sculptées furent transportées en Angleterre. En 1816, Lord Elgin, ruiné, vendit ce trésor à l’État britannique. Le British Museum en devint le dépositaire et le demeure aujourd’hui.
Le retour définitif de toutes les sculptures emportées par les hommes de Lord Elgin. Pour le gouvernement grec, ce ne fut pas une acquisition légitime, comme l’affirme le gouvernement britannique, mais une spoliation pure et simple, couverte par l’occupant ottoman.
Pour bien marquer l’importance que revêt cette affaire à ses yeux, la Grèce a inauguré en 2009, juste au pied du Parthénon, un magnifique musée signé de l’architecte suisse Bernard Tschumi. Au dernier étage, se trouve une salle conçue pour accueillir les frises dans de parfaites conditions de conservation. Pour le moment, les marbres d’Elgin, comme on les appelle, sont remplacés par des fac-similés.
La persévérance grecque semble devoir aboutir à un résultat. La semaine dernière, des médias britanniques ont annoncé l’imminence d’un accord entre Athènes et le British Museum. Il ne s’agirait pas d’une restitution pure et simple, mais d’un “prêt à long terme”, car la loi interdit au musée de céder des pièces de ses collections. La question est aussi de savoir si l’ensemble des sculptures repartira pour Athènes ou seulement une partie.
D’abord concernant des sculptures du Parthénon conservées ailleurs qu’à Londres. Le Louvre, par exemple en conserve plusieurs morceaux. Et il faut signaler un petit événement qui n’a pas fait beaucoup de bruit. Mi-décembre, “en signe d'amitié et de dialogue œcuménique”, le pape François a donné à l’archevêque orthodoxe d'Athènes trois fragments du Parthénon conservés par les Musées du Vatican.
Plus largement, un accord entre Athènes et Londres ne pourra qu’encourager les demandes de restitution d’œuvres acquises par les musées occidentaux dans des conditions douteuses. On sait que cela concerne au premier chef les arts africains. Mais on pourrait aussi un jour, reparler dès les tableaux raflés par les armées napoléoniennes en Italie. Par exemple, les Noces de Cana de Véronèse, immense tableau exposé au Louvre.
Mais, dans ce cas, une solution innovante a été trouvée. Un fac-similé d’une exactitude exceptionnelle a été réalisé et installé dans le lieu d’origine du tableau, c’est-à-dire le réfectoire de l’abbaye de San Giorgio Maggiore à Venise. Une totale réussite. Ce qui a fait dire au grand historien d’art Jean Clair qu’il préférait "la réplique plutôt que la relique" !
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