Cette semaine dans la chronique des Histoires de l’art sur RCF, on part à la découverte d’une église peu connue, celle de Saint-Louis de Vincennes, a la périphérie de Paris.
Cette église inaugurée en 1924 est pourtant une des plus marquantes construites en France au XXe siècle. Mais, dans l’histoire de l’architecture sacrée, elle n’a en aucun cas la notoriété de Notre-Dame du Raincy, bâtie par Auguste Perret, ou de la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp, due à Le Corbusier. Cette méconnaissance de Saint-Louis de Vincennes tient d’abord au fait que ses architectes, choisis très jeunes pour ce projet, (ils avaient à peine trente ans) ne sont pas devenus ensuite des monstres sacrés de leur profession. L’emplacement de l’église joue aussi. Elle se situe loin des grands axes de circulation, au cœur d’un îlot tranquille à la limite de Vincennes et de Saint-Mandé. Enfin son apparence extérieure est assez banale, avec des murs en meulière et des toits en tuiles mécaniques. Très pavillon de banlieue.
Elle l’est d’abord par sa structure. La forme de la parcelle, plutôt carrée, rendait impossible la construction d’une église en longueur de type croix latine. Les architectes, Jacques Droz et Joseph Marrast, ont donc imaginé un plan carré en forme de croix grecque. Soit une rupture très nette avec toute l’architecture néogothique du XIXe siècle. Ce n’est pas tout. Ils ont fait le choix d’un matériau tout neuf, le béton armé, inventé une vingtaine d’années plus tôt. Ce qui a permis de concevoir quatre grands arcs se croisant à angle droit et surmontés d’une coupole. Aucun pilier n'entrave le regard des fidèles assemblés.
Eh bien pas du tout. Ce qui fait le caractère unique de Saint-Louis de Vincennes, c’est la collaboration étroite entre les architectes et plusieurs artistes. Le plus connu d’entre eux est le peintre Maurice Denis, pionnier de l’art sacré contemporain. Il est l’auteur d’une immense fresque dans l’abside, la glorification de Saint Louis, fresque qui compte plusieurs dizains de personnages, des contemporains du célèbre roi de France comme François d’Assise ou saint Thomas d’Aquin. Mais aussi des contemporains de la construction de l’église dont le peintre a utilisé les visages, Raymond Poincaré ou encore le cardinal Mercier.
Autres chefs-d'œuvre dans cette église, les décorations en céramique conçues par Maurice Dhomme. Elles évoquent l’art florentin de la Renaissance, celui de la famille Della Robia. Mais dans un esprit très contemporain. Il faut admirer tout particulièrement la chaire, ornée des symboles des quatre évangélistes. L’ange de saint Mathieu a le profil et la coiffure d’une jeune file des années 1920.
Tout cela mérite assurément la visite, mais cela méritait aussi une restauration, car Saint-Louis de Vincennes est resté dans son jus depuis un siècle. La première phase d’un grand chantier s’est achevée en 2022. Tout l’extérieur a été réparé, murs et toitures. Il est temps maintenant de nettoyer l’intérieur. Les travaux vont commencer ce printemps. Et il est fait appel à la générosité des donateurs qui peuvent apporter leur contribution par le biais des Chantiers du cardinal.
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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