Aujourd’hui je vous parle d’une exposition consacrée au peintre Giovanni Bellini au musée Jacquemart-André à Paris. Une exposition très réussie car elle nous permet de revivre un moment capital de l’histoire de l’art qui s’est produit il y a cinq siècles.
Dans la seconde moitié du XVe siècle, la peinture, qui était encore marquée par le style gothique et l’influences byzantine, s’émancipe des poses hiératiques sur fonds dorés pour donner place à la couleur, à la douceur des visages, à la lumière des paysages. Venise fut, avec Florence, le lieu majeur de cette révolution artistique que l’on appelle la Renaissance. Et Giovanni Bellini en fut l’incarnation même.
Il est né à Venise vers 1435. Son père, Jacopo Bellini, était lui-même un peintre très connu dans la cité des doges. Il travaillait dans un style plutôt traditionnel mais s’intéressait aux évolutions qui s’affirmaient du côté de Florence. Jacopo avait deux fils qui travaillaient dans son atelier, Gentile et Giovanni, ce dernier étant probablement un enfant illégitime. Il avait aussi une fille, Nicolosia, qui épousa un jeune homme venu de Padoue pour travailler avec les Bellini, Andrea Mantegna, un peintre au talent exceptionnel.
Dans cet environnement très stimulant, Giovanni Bellini va rapidement affirmer son génie propre avec un talent particulier pour tirer le meilleur parti des innovations qu’il observe chez d’autres. Ainsi son amitié avec Antonello de Messine lui fait découvrir toutes les possibilités qu’offre la peinture à l’huile, nouveauté venue d’Europe du Nord et qui supplante bientôt la peinture à la détrempe car elle permet un rendu beaucoup plus précis et une grande diversité de couleurs.
Giovanni Bellini développe ainsi un style marqué, un usage intense des couleurs mais en même temps une sublime douceur des contours et de la lumière qui baigne les visages. Il développe aussi la représentation des paysages en arrière-plan de ses tableaux au point qu’il été qualifié de "prophète du paysage".
Il a produit de grands polyptyques que l’on peut voir encore aujourd’hui dans plusieurs églises de Venise, à Santa Maria Gloriosa dei Frari, à San Giovanni e Paolo ou à San Zaccaria. Mais, avec ses assistants, il a produit aussi de nombreux tableaux destinés à de riches particuliers. À cette époque, un nouveau courant spirituel est apparu qui prônait la pratique de la prière et du recueillement pas seulement dans les églises mais aussi à domicile.
Ce courant dénommé "dévotion moderne" amenait ceux qui en avaient les moyens à commander des tableaux devant lesquels prier. C’est pourquoi la moitié des tableaux connus de Giovanni Bellini représentent des Vierges à l’enfant. Parfois un peu produits à la chaîne, il faut bien le dire mais Bellini a profondément renouvelé le genre car sur ses toiles la Vierge est vraiment représentée comme une mère et Jésus comme un enfant, sans la raideur des styles gothiques et byzantins.
Dernière chose à souligner : Bellini a accueilli dans son atelier et formé de très grands génies de la peinture comme Giorgione et Titien. Peintres dont il a su s’inspirer dans les toiles de la toute fin de sa vie. Il avait alors 80 ans mais il se montrait toujours disponible à la nouveauté et au talent de ceux qui l’entouraient.
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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