
LE MOT DE LA SEMAINE - Lundi 7 avril, est la journée mondiale de la santé, demain, mardi 8 avril est la journée mondiale des ambulanciers. A cette occasion, Jean Pruvost revient sur le mot santé.
Retour sur le mot santé
Cette semaine est aussi marquée vendredi par une « journée mondiale » consacrée à une maladie à combattre de toutes nos
forces, la maladie de Parkinson. Alors, aucun doute, le mot « santé » est bien issu du latin, se rattachant à l’adjectif latin « sanus », sain, bien portant physiquement ou moralement. Puis vient, toujours en
latin, le substantif « sanitatem » santé physique ou mentale, déformé en français et aboutissant vers 1050 à « santet », le « t » final disparaissant vite. Il est évidemment presque naturel que lui soit associé dès son entrée en langue française un adjectif privilégié, la « bonne » santé. Même si dans l’absolu le mot
« santé » concerne la santé physique et mentale, demander à quelqu’un s’il est en bonne santé c’est supposer qu’on s’inquiète de son corps et non de ses dérèglements mentaux.
Signalons au passage la formule « sain de corps et d’esprit » qu’on trouve déjà chez Juvénal au premier siècle avant Jésus-Christ, parfois encore donnée telle quelle en latin « mens sana in corpore sano », « un esprit sain dans un corps sain ». Au demeurant cette une idée forte est déjà présente chez Hippocrate prônant cette harmonie à ne jamais perdre entre le corps et l’esprit. Profitons en pour souligner qu’à partir de l’adjectif français « sain », attesté lui aussi en 1050, ont été rapidement créés des mots tels que « malsain », « assainir », mais aussi le « sainfoin », où il faut comprendre qu’il s’agit d’un foin « sain », pour nos vaches, entre autres herbivores. Attention cependant le « saindoux » n’est pas de cette famille, il vient de l’ancien français « saim », s-a-i-m, synonyme de graisse, « saindoux » signifiant en fait « graisse douce ». Tous ces mots sont bien sûr présents dans notre premier dictionnaire français.
La définition que propose Richelet pour « santé » soulève d’ailleurs une réalité qu’on ne remarque pas tout de suite mais qu’il signale en tout premier : « SANTÉ Ce mot dans le propre n’a point de
pluriel. C’est une belle & naturelle disposition du corps qui exerce les fonction avec excellence. » Je ne vais évidemment pas vous souhaiter « bonne santé » au pluriel. Cependant Richelet fait observer à la fin de l’article que néanmoins « ce mot a un pluriel lorsqu’il se dit entre amis qui boivent & se réjouissent & se marquent leur amitié en buvant les uns aux autres. » Et d’ajouter un exemple : « Les santés couroient à la ronde, à force de faire raison à ceux qui lui portoient des santez, il perdit le sens et la raison… » On ne crie pas de fait « santé » avec un verre d’eau à la main.
Pour faire deviner le mot « santé », le verre levé : « Régime de toasts ». Ou encore « Accompagne un bruit de verres ». Plus
concret : « Ruine des médecins » ou « Garde du corps ». Politique : « Affaire d’état », e accent aigu minuscule. Enfin « Manque d’affections », « affections » au pluriel bien sûr !
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque lundi matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot, le mot de la semaine !
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