Qu’est-ce qui est sacré dans le pèlerinage ? Est-ce le lieu où l’on se rend ? L’effort que l’on fournit, tout entier tourné vers la vie intérieure ou bien est-ce la communion entre pèlerins ? À la faveur d'explorations en Abyssinie ou sur les routes de la soie, Sébastien de Courtois a redécouvert la marche et ses liens avec la foi. Dans la deuxième saison du podcast "Marche & rêve", il livre son approche originale de la marche et du sacré.
À Chypre, où il habite, Sébastien de Courtois aime s’échapper chaque semaine loin de Nicosie, pour marcher dans le massif du Troodos. Attaché culturel de l’ambassade de France à Chypre, il a effectué de nombreux voyages en Turquie, en Syrie, en Éthiopie… Des explorations au cours desquelles il a développé un amour de la marche. Dans dans la deuxième saison du podcast "Marche & rêve", il propose une méditation sur le lien intime entre la marche et le sacré.
Dans la vie de Sébastien de Courtois, il y a d’abord eu une soif d’aventure. L'envie d'un déplacement géographique avec une résonnance historique. Que ce soit sur les traces d’Arthur Rimbaud en Éthiopie ou dans les pas des nestoriens en Orient, Sébastien de Courtois entretien avec la marche un rapport particulier. "Cette marche de l’histoire est importante. Je respire cette histoire, elle m’inspire, elle me porte, ce n’est pas un passé abstrait… C’est un passé que je peux toucher, dans lequel je peux suivre, je peux inscrire mes pas…"
Il a raconté son périple d’Istanbul à Pékin, dans "Chrétiens d'Orient sur la route de la Soie - Dans les pas des nestoriens" (éd. La Table ronde, 2007). À pied, mais pas seulement, Sébastien de Courtois a suivi la route des nestoriens, ces chrétiens des IIe siècle-VIIIe siècle, qui étaient à la fois pèlerins et commerçants. Journaliste, écrivain, il a été doctorant à l'École pratique des hautes études, où il a étudié l'histoire des minorités religieuses de l'Empire ottoman.
Puis, ses projets d’aventures sont devenus des marches au long cours. L’écrivain y a développé un amour pour la lenteur, le moyen le plus approprié finalement pour s’approcher du passé. "C’est une fois sur place en fait, que j’ai compris que le plus grand bonheur, j’allais dire le plus grand moment d’épiphanie, c’est quand j’arrive moi-même à me mettre dans la peau, la trace, d’un pèlerin de l’époque du Moyen Âge."
Pour Sébastien de Courtois, la marche est synonyme de rencontres. "Je ne suis pas de ces marcheurs qui vont le plus loin possible pour ne rencontrer personne. Au contraire, je vais dans des directions où je sais qu’il y aura des surprises sur la route." Des surprises qui nous attendent aussi au coin de la rue, en bas de chez soi. Il suffit de déambuler, de flâner. "La flânerie demande à ce que nous soyons nous-mêmes ouverts à cette possibilité de rencontre. Et ça, c’est une démarche intérieure qu’il faut faire. Mais qu’il faut s’exercer, c’est comme un moment de méditation, c’est comme une séance de yoga, une séance de sport, une séance de lecture…"
S’exercer à la flânerie, apprendre à marcher… Aussi étonnant que cela puisse paraître, pour Sébastien de Courtois, il y a bien un apprentissage à faire de la marche. Par exemple il a "appris" la tradition de la récitation du chapelet en marchant. "C’est en lisant les techniques dans le bouddhisme d’éveil de l’esprit que j’ai compris qu’on avait à peu près la même chose dans le christianisme et qu’on l’avait oubliée."
Associer la récitation du chapelet à la marche, cela "permet d’ouvrir l’esprit à tout un tas d’autre choses", témoigne Sébastien de Courtois, qui a pris l’habitude de le faire une à deux fois chaque mois. "On s’éveille, on se sent mieux, on s’ouvre, on pense à plein d’idées en même temps. On fait le nettoyage un petit peu qui est exigé par notre cerveau et qui est accompagné par la circulation sanguine, par le souffle. C’est un ensemble, c’est-à-dire que la foi n’est pas quelque d’abstrait, la foi vibre dans notre corps."
On peut avoir une démarche intérieure qui peut ressembler à du sacré à partir du moment où l'on se met à la fois dans la rencontre, dans l’écoute et peut-être aussi dans un mouvement de prière
Qu’est-ce qui est sacré dans le pèlerinage ? Est-ce le lieu où l’on se rend ? L’effort que l’on fournit, tout entier tourné vers la vie intérieure ? Ou bien est-ce la communion entre pèlerins ? Dans son livre "La marche et le sacré - Quelques pas vers l’éternité" (éd. Salvator, 2024) Sébastien de Courtois a voulu "donner un cadre à la notion de sacré".
Il se souvient des marches des femmes en Éthiopie autour d’un puits après des mois de sécheresse. "Une marche archaïque avec des bruits, des rumeurs. Visuellement, c’était quelque chose de bouleversant de voir ces femmes qui marchaient pieds nus dans la poussière !" Et cela avait quelque chose de sacré.
Sébastien de Courtois n’est "pas de ceux qui disent qu’il y a du sacré partout". Pour lui, "on peut avoir une démarche intérieure qui peut ressembler à du sacré à partir du moment où l'on se met à la fois dans la rencontre, dans l’écoute et peut-être aussi dans un mouvement de prière". La marche est devenue pour l’écrivain "un besoin vital", "un besoin d’exister", "un souffle, une question de souffle".
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