Je vous propose aujourd’hui une excursion en banlieue parisienne afin de découvrir la Fondation Arp. Elle se trouve dans une petite rue très en pente, à la limite de Meudon et de Clamart, dans le quartier Val-Fleury. Un lieu assez secret mais qui mérite le déplacement. On peut y découvrir la maison-atelier où vécurent et travaillèrent Jean Arp et Sophie Taeuber, deux grands artistes du XXe siècle qui se marièrent en 1922.
Le premier était sculpteur. La seconde était en quelque sorte multi-instrumentiste. À la fois peintre, graphiste, designer, architecte mais aussi danseuse. Comme souvent dans les couples d’artistes de l’époque, la notoriété du mari l’a emporté sur celle de l’épouse. Une exposition consacrée à Sophie Taeuber-Arp vient d’ouvrir à la fondation. Elle permet de mesurer l’ampleur du talent de cette femme, née en 1889 en Suisse et décédée accidentellement en 1943.
D’abord la maison elle-même, construite en 1928-1929. Elle a été conçue par Sophie Taeuber. La forme de l’édifice le relie à l’avant-garde de l’époque, aucun ornement et un toit plat. Mais avec cette originalité que les murs sont faits de pierres meulières, matériau très typique des pavillons de banlieue parisienne. Donc, à la fois un grande modernité et un ancrage dans un lieu précis.
À l’intérieur de cette maison, qui était aussi un lieu de travail pour Sophie Taeuber et Jean Arp, on voit les meubles et les objets qu’elle a créés pour leur vie quotidienne, des meubles très simples en bois coloré qui n’ont pas pris une ride.
Et puis, sur les murs, les diverses créations de cette femme qui a été une pionnière de l’abstraction. Cela s’explique sans doute en partie par ses recherches graphiques pour son travail d’enseignante à l’École des arts appliqués de Zurich. Notamment des motifs géométriques destinés au textile. On peut aussi découvrir ses projets d’architecture intérieure, l’un des plus connus étant l’Aubette, un complexe de loisirs réalisé à Strasbourg avec son mari, lui-même natif de cette ville, et le peintre néerlandais Theo van Doesburg.
À signaler enfin, un ensemble de marionnettes créées en 1918, elles aussi très avant-gardistes, constituées de volumes géométriques élémentaires : cônes, cylindres et sphères. Elles étaient destinées à un spectacle du mouvement Dada, courant artistique extravagant né en Suisse pendant la Première Guerre mondiale.
Cela tient bien sûr à la domination masculine sur le monde des arts. Mais aussi au tempérament plutôt réservé de Sophie Taeuber et à son décès prématuré à 54 ans. Cependant, il faut souligner que Jean Arp qui a vécu jusqu’en 1966 s’est attaché à prolonger l’œuvre de sa femme en reprenant certains des motifs qu’elle avait créés pour en faire des sculptures. Les deux artistes ont travaillé constamment ensemble pendant deux décennies et leurs œuvres sont indissociables.
Après la Seconde Guerre mondiale, Jean Arp est revenu vivre et travailler dans la maison du Val-Fleury. Et l’on peut voir à la fondation l’atelier où il modelait ses belles sculptures aux formes lisses et rondes. Raison de plus pour faire cette excursion à la fondation Arp.
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