Le musée Bourdelle vient de rouvrir ses portes à Paris après d’importants travaux. Mérite-t-il une visite ? Certainement ! La visite est à la fois étonnante et passionnante.
Pourtant, ce ne sont pas deux qualificatifs qui viennent immédiatement à l’esprit s’agissant de cet artiste né en 1861 et mort en 1929. Antoine Bourdelle a une image un peu académique de sculpteur quasi officiel de la troisième République. J’exagère un peu mais c’est vrai qu’on lui doit des œuvres monumentales. On peut citer : la Vierge à l’offrande, qui trône sur une hauteur dominant Niederbruck en Alsace, une sculpture intitulée La France dont on peut voir des exemplaires en plusieurs lieux : Montauban (ville natale de Bourdelle), Briançon et Paris dans l’atrium du Palais de Tokyo. Les bas-reliefs qui ornent la façade du théâtre des Champs-Élysées à Paris. Et un monument gigantesque de Buenos Aires, dédié au général Alvear où ce héros de l’indépendance de l’Argentine trône sur un cheval à 14 mètres de haut.
Justement parce que ce lieu recèle beaucoup de surprises ! Il se situe dans une petite rue proche de la gare Montparnasse. Bourdelle y a vécu et travaillé de 1885 jusqu’à sa mort. Sa veuve et sa fille se sont démenées pour que cet atelier soit préservé et transformé en musée. On entre aujourd’hui par des bâtiments un peu pompeux construits dans les années 1960, notamment un immense hall où sont présentés les plâtres de ses œuvres monumentales. Un péristyle d’arcades en briques s'ouvre sur un jardin abritant des versions en bronze des mêmes statues. Mais on découvre ensuite des lieux plus intimes et beaucoup plus anciens. Des bâtiments fragiles faits de bois et de briques qui viennent d’être soigneusement consolidés. On y visite les pièces où Bourdelle a travaillé, dont le décor a été soigneusement préservé. Mélange de ses œuvres avec des pièces d’antiquité qu’il collectionnait. Un univers hors du temps qui est très émouvant. Dans un jardin étroit, de très grands bronzes sont installés, d’une démesure qui en devient presque touchante.
Parce que l’on voit dans ce musée de nombreux travaux préparatoires, moins élaborés, et des œuvres plus personnelles qui ne répondaient pas à des commandes. On découvre aussi que Bourdelle, après avoir été le disciple de Rodin, fut un authentique maître et une source d’inspiration pour de nombreux élèves qu’il accueillait en ces lieux. Certains sont devenus très célèbres comme Alberto Giacometti ou Germaine Richier, dont je vous ai parlé il y a quelques semaines. Quelques-unes de leur œuvres sont présentées, ce qui permet de mesurer l’influence positive de Bourdelle dans l’histoire de l’art.
Le musée rénové a beaucoup travaillé la dimension didactique et pédagogique avec le souci de s’adresser aussi aux enfants. Une salle explique remarquablement les techniques de sculpture depuis les esquisses en terre jusqu’à la fonte du bronze. Ajoutons enfin que le musée dispose aussi de salles créées en 1992 par l’architecte Christian de Portzamparc qui permettent d’accueillir des expositions temporaires. On y voit actuellement des œuvres d’un peintre contemporain, Philipe Cognée, dont le travail est un peu ardu mais passionnant. Bref, cela fait beaucoup de raisons de visiter ce musée !
> Musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bourdelle 75015 Paris
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