LE POINT DE VUE DE THÉO MOY - Les triangulaires sont l’enjeu clef de cet entre-deux-tours. Les candidats qualifiés pour le second tour, dimanche prochain, ont jusqu’à ce soir, 18h, pour se désister. Les tractations vont bon train entre les partis, et pour Théo Moy cette situation interroge en profondeur le sens du vote en démocratie.
Après l’annonce des résultats dimanche, le sujet s’est vite imposé. Pour empêcher le RN d’obtenir la majorité absolue, les candidats de gauche et du centre arrivés en troisième position et qualifiés au second tour ont été appelés à se retirer.
À gauche, cet appel est unanime. Au sein du camp macroniste et de ses alliés, il est moins évident, et souvent prononcé au conditionnel. Aurore Bergé a ainsi évoqué des désistements « au cas par cas », ouvrant la voie à des maintiens qui risquent de faire gagner encore plus de candidats RN. Les Républicains n’ont eux donné aucune consigne, jouant au même jeu dangereux.
Comme l’a dit Gabriel Attal dimanche soir, « Si nous voulons être à la hauteur du destin français, il est de notre devoir moral de tout faire pour empêcher le pire d’advenir ». Le pire, en l’occurrence, c’est une majorité absolue pour le RN et un gouvernement d’extrême-droite. Se désister au profit d’un candidat que l’on combat politiquement, pour empêcher ce pire d’advenir, ce n’est pas de la petite tambouille politicienne comme on peut l’entendre.
La politique, ce ne sont pas uniquement des grandes idées, de grands principes intangibles. C’est la confrontation au réel, la nécessité de rencontrer l’événement. Ça demande des concessions, une forme de modestie aussi, qui font l’honneur des femmes et des hommes politiques. Cette acceptation de la contingence, cet abandon d’une forme de quête vaine du candidat parfait, elle doit aussi imprégner les électeurs. Comme les millions de Français de gauche qui ont accepté de voter Emmanuel Macron contre Marine Le Pen en 2017 et 2022, des millions de Français du centre et de la droite vont devoir voter à gauche contre les candidats du RN.
Ce n’est pas une trahison, mais un geste citoyen entier. Car le vote n’est pas là pour nous faire plaisir, pour satisfaire notre bon goût, nos préférences, ce n’est pas un acte purement individuel. Le vote est un acte collectif, par lequel nous décidons, en peuple souverain, des gouvernants dont nous voulons, mais aussi, souvent, de ceux dont nous ne voulons pas du tout. Cela étant dit, je ne voudrais toutefois pas conclure cette chronique sans m’adresser aux électeurs du Rassemblement national.
J’aimerais, chères auditrices et auditeurs de RCF qui avez choisi de donner vos voix au Rassemblement national, vous faire une proposition.
Vous avez sûrement, comme beaucoup d’autres, choisi ces candidats pour nourrir votre aspiration à un changement profond, après des décennies de promesses trahies, de mensonges et de tromperies. Mais à ces élections législatives, vous élisez des candidats singuliers. Et votre responsabilité de citoyens, c’est d’exercer sur ces députés un contrôle.
Ce contrôle, il consiste à suivre leur activité de parlementaire. Sur le site de l’Assemblée, chaque député a une page, sur laquelle vous pouvez voir toutes ses contributions : amendements, questions au gouvernement, propositions de loi. Dans 5 ans, vous pourrez ainsi vous demander si votre député s’est comporté à la hauteur de ce qu’il ou elle vous avait promis. Vous aurez ainsi eu à leur égard la même exigence que vous avez vis-à-vis du reste de cette classe politique, qui vous a tant déçu.
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