Dis-moi en qui tu crois, je te dirai pour qui tu votes. Que penser de cette phrase ? Notre religion est un marqueur identitaire. Dès lors, nous pouvons facilement adopter des comportements en fonction de ce marqueur. Mais ce serait une erreur de penser que les croyants de chaque religion représentent des groupes homogènes en termes d’engagement politique.
Un sondage publié par l’IFOP au lendemain des européennes montre assez nettement que les croyants ont voté assez différemment en fonction de leurs religions.
Ce sondage publié le 13 juin dernier révèle une forte mobilisation pour le vote des catholiques pratiquants (73 %, 78 % chez les réguliers), contrairement aux musulmans (41 %), aux protestants (57 %) et aux non-croyants (46 %). Ce sondage indique que Jordan Bardella a su fédérer un électorat catholique. Ces derniers sont 37% à avoir exprimé leur soutien au Rassemblement National dans l’isoloir, même si seulement 18% des catholiques pratiquants réguliers auraient voté pour lui, tandis que les pratiquants occasionnels et les catholiques non-pratiquants sont 40% à l’avoir fait.
Voilà, c'est là où on peut facilement tomber dans le préjugé. Une tendance ne doit pas se transformer en vérité générale. Si ce sondage montre qu’une partie de l’électorat catholique s’est retrouvé en Jordan Bardella, il ne faut pas oublier que de nombreuses organisations chrétiennes se sont mobilisées pour appeler à ne pas voter pour l’extrême droite. Hier encore, l'appel du collectif chrétien "Justice et Espérance" a mobilisé plusieurs centaines de personnes qui ont manifesté contre l'extrême droite.
Oui, on peut ! Tout comme notre lieu de résidence, notre situation professionnelle, notre cercle social… Finalement, comme tout ce qui construit notre identité. Résumer notre vote uniquement à nos croyances serait un risque. Comme d’habitude, attention aux étiquettes toutes faites, elles pourraient renforcer des clivages un peu simplistes et oublier la complexité de nos identités et de nos schémas de pensées !
Le mieux à faire pour déconstruire ce préjugé est de se construire notre propre esprit critique et de se questionner à propos d’où vient notre pensée politique. À une semaine d’élections cruciales pour notre pays, tâchons de ne pas nous laisser emporter par des raisonnements un peu simplistes que l’on pourrait regretter.
Une nouvelle chronique pour déconstruire les préjugés.
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