Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) est l’un des plus grands théologiens du XXè siècle. Pasteur luthérien, ce résistant fut exécuté le 9 avril 1945 à l’âge de 39 ans dans un camp de concentration nazi, après une longue période d’emprisonnement. Penseur reconnu, il fut aussi un homme d'engagement. Jusqu’au bout, par fidélité et conviction, il s'est fait le témoin d'un amour qui le précédait, comme le montre Henry Mottu, auteur de la biographie "Dietrich Bonhoeffer" (éd. Cerf, 2002).
Il y eut d'abord le décès de son frère mort au front en 1918, qui a profondément marqué le jeune Dietrich et son entourage, qui restera profondément pacifiste. Les Bonhoeffer sont une famille d'intellectuels de la haute-bourgeoisie allemande, ils pratiquent un protestantisme culturel plus que fervent. Dans ce contexte la volonté de Dietrich Bonhoeffer de devenir pasteur répond à une conviction, celle que l'Église va mal. Et à une volonté, celle de la réformer.
Ensuite, il y eut sa rencontre - décisive - avec le pasteur français Jean Lasserre (1908-1983) au début des années 1930, aux Etats-Unis. Cet homme lui a fait découvrir notamment le sens du Sermon sur la montagne. Un passage de l'Évangile de Matthieu (chapitre 5) qui lui inspira le texte "Vivre en disciple", où il livre une réflexion sur l’extraordinaire de l’appel évangélique.
Quand il a rejoint les rangs de l'Église confessante, Dietrich Bonhoeffer était encore un tout jeune homme. Ce mouvement de résistance au nazisme s'était initialement créé pour protester contre le renvoi des pasteurs d'ascendance juive. L'Église confessante est un courant au sein de l'Église protestante mené par Martin Niemöller (1892-1984), leader célèbre à l'époque, qui fut emprisonné en camp de concentration de 1937 à 1945.
Une fois directeur du Séminaire de formation théologique et pastorale de l’Église confessante, Dietrich Bonhoeffer dispensait un enseignement fortement imprégné de sa vision de l'appel à suivre le Christ: non pas hors du monde, mais bien en son cœur, et même si cet appel est protestataire.
Rapidement, la Gestapo s'est méfiée de ce résistant issu d'une famille profondément pacifiste et d'un milieu opposé depuis la première heure à Hitler. Arrêté puis exécuté au camp de concentration de Flossenbürg le 9 avril 1945, il n'aurait sans doute pas aimé qu'on le qualifie de marytr protestant. "C'est un peu le cas", considère pourtant Henry Mottu.
Le théologien rappelle que l'Église allemande après la guerre a longtemps refusé de le considérer comme martyr. Il a fallu du temps pour le réhabiliter dans les années 60, tout comme il a fallu du temps à l'Allemagne pour réhabiliter peu à peu les mouvements de résistance anti-nazis.
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