Dans l'évangile de ce dimanche, les disciples sont préoccupés. Non pas parce que Jésus vient de leur annoncer une nouvelle fois qu'il va souffrir et qu'il va mourir. Leur souci est plutôt de savoir qui est le plus grand... À bien des égards leur questionnement est indécent. Ainsi, ils ont beau être les plus proches de Jésus et le côtoyer intimement, les disciples sont à mille lieues de comprendre son message !
Évangile du dimanche 22 septembre (Mc 9, 30-37)
Partis de là, ils traversaient la Galilée, et Jésus ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger.
Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.
S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
Source : AELF
Quand Jésus leur annonce sa Passion et sa Résurrection, les disciples ne comprennent pas. Mais la question qui leur vient à l’esprit est : Lequel d’entre nous est le plus grand ? Au-delà de la nature un peu indécente de la discussion, on peut imaginer qu’elle ressemble à une dispute dans une cour de récréation. Une fois de plus Jésus va mettre tout le monde d’accord, d’une façon un peu inattendue. L’évangile du dimanche est commenté par Nicole Fabre, pasteure de l’Église protestante unie de France (ÉPUdF).
Au chapitre précédent de l’évangile de Marc, le chapitre 8, un basculement s’opère. On passe d’un Jésus qui est devant les foules, comme "présenté à l’ensemble du peuple", décrit Nicole Fabre, à un Jésus dont l’identité est interrogée intimement. Cela se passe désormais de personne à personne.
Le basculement se fait au moment de la guérison de l’aveugle (versets 22 à 26), à la suite de quoi Jésus interroge directement ses disciples : "Pour vous, qui suis-je ?" (Mc 829). Une question "incroyablement personnelle", juge Nicole Fabre. "Jésus va parler à ses disciples de qui il est en profondeur : qu’est-ce que ça veut dire d’être le Messie ?" Ce que les disciples auront beaucoup de mal à comprendre.
On peut faire un parallèle l’incompréhension des disciples et la guérison de l’aveugle. Il y a un moment où celui-ci voit mais pas encore nettement, Jésus s’y reprend à deux fois pour opérer le miracle. Les disciples sont un peu comme l’aveugle qui voit flou : ils ne reçoivent que partiellement le message de Jésus. Ainsi, même Pierre, qui pourtant reconnaît en Jésus le Messie (Mc 8 29), se voit rabroué - "Passe derrière moi Satan !" (Mc 8 33), lui dit Jésus.
L’évangile de ce dimanche s’ouvre avec une nouvelle annonce de la Passion - décidément, les disciples ne comprennent pas ce que dit Jésus. Suit une scène de marche où l’on se demande où est passé Jésus. On comprend en effet qu’ils font route ensemble et pourtant les disciples discutent entre eux. "Déjà ça, c’est étonnant, commente Nicole Fabre, ils font groupe sans lui, ils parlent entre eux comme les scribes et les pharisiens quand ils réagissent et qu’ils n’arrivent pas à dire directement à Jésus."
La question qui préoccupe les disciples semble indécente. Elle est même "complètement choquante", pour Nicole Fabre. Jésus, qui tente de leur explique ce qu’est le Messie, vient de leur dire qu’il va souffrir et mourir. "Il essaie de leur dire que justement sa place va être complètement à l’opposé d’une place de reconnaissance, qu’il va être complètent dépouillé de tout ce qu’il est de par les hommes et les disciples sont à l’inverse." Mais les disciples persistent dans leur propre logique, savoir qui est le plus grand d’entre eux…
La tentation pour le lecteur est de poser un regard sévère sur ces disciples qui ne comprennent rien ! Mais ne se trouvent-ils pas devant quelque chose d’incompréhensible ? Sans doute ne faut-il pas être trop sévère car ils essayent d’envisager une suite qui leur paraisse logique.
"Je pense que pour nous aussi la question de la Passion, de ce que va vivre le Christ, c’est toujours quelque chose qui va bouleverser nos schémas d’une Église qui peut réussir, de chrétiens qui sont à l’aise dans leurs baskets… Ça va continuellement à notre encontre, ça touche au cœur de notre conversion et de l’image de Dieu qu’on refait toujours de manière autre que ce qu’il est. Et de nos désirs profonds d’être tranquilles."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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