C'est un événement qui a bouleversé l'histoire de l'humanité. Avec le temps, la mémoire de Jésus de Nazareth se serait peut-être effacée sans l’inouï de la résurrection. Et pourtant, pas de triomphalisme ni merveilleux : la sobriété de l'évangile du dimanche de Pâques nous surprend. On ne voit... qu'un tombeau vide.
Évangile du dimanche de Pâques (Jn 20, 1-9)
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Source : AELF
L'évangile du dimanche de Pâques évoque la résurrection de Jésus, événement fondateur pour les chrétiens. Avec le temps, en effet, la mémoire de Jésus de Nazareth se serait peut-être effacée mais l’inouï de la résurrection a tout bouleversé. En effet, c’est à partir de là que les évangiles ont été écrits, bien après la mort du Christ. Les évangiles "ont pour spécificité d’être écrits à rebours, à partir de l’événement de Pâques", rappelle Élisabeth Parmentier, pasteure de l'Église luthérienne d'Alsace-Lorraine.
On a beaucoup parlé de Marie-Madeleine - était-elle la femme de Jésus, sa compagne… ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle "était l’une des femmes qui suivaient Jésus", précise Élisabeth Parmentier. "N’oublions pas qu’il n’y avait pas que le groupe des douze hommes choisi par Jésus qui le suivaient, mais que les évangiles donnent des noms de femmes qui le suivent."
Ces femmes, on les retrouve au pied de la croix le jour de la crucifixion et au tombeau le lendemain. Dans l’évangile de Matthieu, il y en a deux : Marie-Madeleine et une désignée comme "l’autre Marie". Chez Marc elles sont trois : Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques et Salomé. Luc nous parle de Marie-Madeleine, Marie mère de Marc et Jeanne. Quant à Jean, il ne mentionne que Marie-Madeleine. "Et chez Jean elle a un rôle particulier puisqu’elle est seule dans cet épisode", souligne la pasteure. Marie-Madeleine est aussi la première, ce pourquoi on l’appelle "l’apôtre des apôtres".
Mais qu’a vu Marie-Madeleine ? "Ce qui est assez extraordinaire dans tous les évangiles, c’est que finalement on ne voit rien ! Et ça il faut vraiment insister là-dessus parce que ce n’est pas du spectaculaire, et on voit bien que ce n’est pas du conte merveilleux." Dans cette mise en scène "hyper sobre", ce qui est au centre, c’est "l’absence du corps". Ce corps qui était "la dernière chose qui leur restait de Jésus : on le leur a pris."
Dans tout l’évangile de Jean on retrouve l’opposition entre les ténèbres et la lumière. Elle renvoie à l’idée d’un nouveau commencement, comme dans le Livre de la Genèse. On est là dans une nouvelle création. D’ailleurs, l’évangile de Jean commence avec ce fameux verset, où il est directement fait référence à la Genèse : "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu." (Jn 1, 1)
La scène commence le lendemain du shabbat pour les Juifs, il est décrit comme "le premier jour de la semaine". Ce jour deviendra pour les chrétiens le dimanche, jour de la résurrection. C’est un jour où triomphe la lumière, mais un triomphe discret…
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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