Ce dimanche 13 novembre, l'Église célèbre la Journée mondiale des pauvres. Dans la Bible, les pauvres, ce sont des étrangers sur la route, des veuves qui n'ont plus de famille, des infirmes que l'on met au rang des pécheurs. Ce que nous disent aussi les Textes saints, c'est que la pauvreté est un mystère, et qu'elle est aussi un chemin. Explications du Père Pierre Coulange, auteur de "Ce que dit la Bible sur la pauvreté" (éd. Nouvelle Cité, 2017).
Je dis que le monde sera sauvé par les pauvres, ceux que la société moderne élimine, parce qu’ils ne sont plus capables de s’y adapter et parce qu’elle n’est pas en mesure de les assimiler, jusqu’à ce que leur ingénieuse patience ait, tôt ou tard, raison de sa férocité. Je dis que les pauvres sauveront le monde : ils feront cette colossale affaire.
Georges Bernanos, "Les enfants humiliés" (1949)
Dans la Bible il y a comme "une assimilation entre pauvres, pécheurs, handicapés", admet le Père Coulange. Tout au long des Écritures saintes, étrangement, affleure cette conception du mal et du malheur qui voudrait que si l'on est malade ou handicapé, c'est comme si on l'avait mérité parce qu'on a péché.
En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » (Jn 9, 1-3)*
À l'époque de Jésus, dans le Moyen-Orient ancien, les pauvres, ce sont les estropiés, les boiteux, les aveugles, mais aussi les étrangers. Ce sont tous ceux qui dépendent de la générosité d'autrui. Souvent, cette condition est regardée de haut, on devine un regard qui enferme dans une malédiction qui viendrait de Dieu. "Même les disciples dans l'Évangile sont victimes de cette tentation", explique le Père Coulange.
Dans le Livre de Samuel (chapitre 5, verset 8)* on lit que l'accès au temple de Jérusalem était interdit aux personnes en situation de fragilité, ce qui nous semble à nous, au XXIe siècle, d'une très grande violence et d'une très grande injustice ! Avec toujours cette idée que les pauvres sont maudits ou condamnés. "C'est justement cette idée que Jésus vient briser, explique le théologien, en montrant que ce sont précisément les infirmes, les pauvres, les boiteux, qui sont les premiers invités au royaume des cieux." Par sa compassion, Jésus "vient casser le modèle dominant jusqu'alors" : il va à l'encontre de cette idée que la santé et la richesse sont signes d'une prédilection de la part de Dieu.
*Source : AELF
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