23 septembre 2021
De l'attention à la concentration
Bonjour Sébastien, quel est le sujet de votre chronique d’aujourd’hui ?
Sébastien… Vous m’écoutez ?.... Sébastien….
Pardon Auberi, j’étais distrait, j’étais dans mes pensées…
Ou plutôt, j’étais concentré sur autre chose…
Je ne comprends pas, vous étiez distrait ou concentré, car ce n’est pas la même chose…
Vous avez raison, ça mérite une explication. En fait, j’étais les deux à la fois. D’un côté, j’étais distrait de notre discussion qui allait démarrer parce que justement, j’étais concentré sur autre chose.
Vous pouvez nous en dire un peu plus… ?
Eh bien, nous avons deux modes d’attention : une attention vigilante, et une attention focale. L’attention vigilante est celle que j’ai utilisée en venant en voiture à la radio : j’étais attentif à ce qui se passait devant moi, sur les côtés, derrière, mais aussi à tout ce que j’entendais, aux odeurs si jamais ma vieille voiture se mettait à sentir le chaud etc.
Je portais donc une attention égale à tous les stimuli qui parvenaient à mon cerveau.
J’étais donc en mode d’attention vigilante, le même que celui qu’utilisaient mes ancêtres dans une forêt en craignant de tomber sur une meute de loups, car on ne sait pas d’où vient le danger.
Et l’autre mode d’attention, alors, c’est quoi ?
Eh bien c’est le mode d’attention focale, celui qui me sert à me focaliser sur une tâche : lire un livre sans penser à autre chose, et en n’étant pas dérangé s’il y a quelqu’un qui bouge dans la pièce, ou si d’autres personnes parlent à proximité de moi.
Et vous passez de l’attention focale à l’attention vigilante, c’est ça ?
Exactement !
En fonction des tâches que je suis en train de faire, soit je suis attentif à tout mon environnement, soit je ne suis attentif qu’à un seul élément de mon environnement.
Prenez le cas d’un enfant en classe qui lève les yeux dès qu’une mouche vole, dès qu’un camarade chuchote, il est en mode d’attention vigilante. Il se concentre sur toutes les informations qui lui arrivent au cerveau. Et une fois devant un jeu vidéo, les mouches n’attirent plus son attention, vous pouvez lui demander de venir à table et il ne vous entend pas car il est focalisé sur sa tâche.
Oui, mais il ne se focalise pas au bon moment…
C’est donc ça la concentration : se concentrer sur une seule tâche ?
Eh bien, oui et non. Pour pouvoir se concentrer, il faut à la fois avoir une capacité d’attention suffisante pour réaliser une tâche, et il faut résister aux distracteurs…
Mais c’est quoi les distracteurs ?
Eh bien ce sont des stimuli qui arrivent à votre cerveau et qui ne sont pas utiles pour la tâche que vous êtes en train de réaliser. Il faut donc les ignorer pour rester sur votre tâche principale, qu’elle nécessite de l’attention focale, ou vigilante.
Par exemple, si je regarde devant moi, sur les côtés, et si j’écoute ce que les gens disent à côté de moi alors que je suis en train de lire, cela va m’empêcher de lire. En fait, cela va me distraire de ma tâche principale qui est la lecture.
Mais si je regarde devant moi, sur les côtés, et si j’écoute ce que les gens disent à côté de moi alors que je suis en train de jouer au basket ou au foot, alors cela va m’aider à me concentrer sur le jeu avec mon équipe.
Vous introduisez alors la notion de contexte dans la concentration ?
Tout à fait !
L’attention vigilante et l’attention focale sont complémentaires, et nous passons naturellement de l’une à l’autre selon les tâches que nous réalisons. Le problème vient quand on n’arrive pas à avoir la bonne forme d’attention dans le contexte souhaité : regarder autour de soi et tout écouter à la fois quand je dois lire, ou au contraire ne regarder qu’un joueur, ne rien entendre d’autre et ne rien voir d’autre alors que je suis en plein match de foot…
Et les enfants qui n’arrivent pas à concentrer en classe, alors, c’est pareil ?
Bien sûr, le trouble du déficit d’attention n’est pas une absence d’attention, mais une attention troublée, comme s
Droits image: De l'attention à la concentration © iStock