8 février 2023
Evangile du mercredi 8 février Pierre GIAUME
Mes amis, connaissez-vous la différence entre le pain à la levure et celui au levain ? Dans le premier cas, l’élaboration du pain se fait grâce à des levures présélectionnées – souvent industrielles – qui vont procéder à une fermentation alcoolique efficace et prédictible de la farine mélangée à l’eau et au sel. Dans le 2ième cas, le levain et ses ferments naturels vont orchestrer une fermentation lactique cette fois-ci, certes plus aléatoire mais au résultat bien plus digeste et nutritif. J’avais découvert le mode de fabrication du pain au levain dans une très belle vidéo du boulanger Nicolas Supiot, basé à Maure de Bretagne, entre Rennes et Redon. Je fus fasciné par l’attention qui était la sienne pour gérer méticuleusement chaque détail de la fabrication de son pain, dont les qualités nutritives, gustatives et de conservation étaient louées par tous ses clients. Rien à voir avec une baguette industrielle achetée en supermarché. De la « bonne » et de la « moins bonne » nourriture en quelque sorte.
Malbouffe, famine, obésité, gâchis alimentaire mais aussi absence de nourriture spirituelle ou encore overdose de vidéos et sollicitations numériques diverses… les parallèles entre les maux « nutritifs » de notre société actuelle et cette page d’évangile qui a bientôt 2 000 ans sont tellement nombreux, ç’en est bluffant !
Pour autant, Jésus distingue clairement dans son message la nourriture au sens propre du terme et les pensées perverses du cœur de l’homme. Personnellement, en lisant ce texte, je ne peux m’empêcher de penser que les deux sont pourtant intimement liés aujourd’hui, d’autant plus que notre nourriture actuelle est souvent trop riche, à la fois pour le corps et l’esprit. Tout un monde de tentations s’offre à nous sans pour autant nous offrir les meilleurs des nutriments. Or, si nos nourritures quotidiennes ne sont pas saines, alors notre cœur ne le sera pas non plus. J’en suis convaincu.
“Anima sana in corpore sano”. Un esprit saint dans un corps… saint (mais le « saint » de sainteté, avec un « t » à la fin bien sûr !). Dans une société où tout va trop vite, prendre le temps de nourrir correctement tout notre être est véritablement le socle de notre équilibre de vie. Charité bien ordonnée commence par soi-même, mais la « bonne » nourriture concerne aussi tous ceux qui nous entourent !
Nourrir sa famille avec de bons produits et de vrais temps familiaux. Nourrir son couple avec des paroles bienveillantes, des moments vrais passés à deux, des temps de prière, sans sollicitation étrangère (par exemple de nos téléphones respectifs). Nourrir ses amis de viandes grasses et de vins capiteux certes, mais aussi de temps d’échange, d’écoute, de Foi. Nourrir ses collègues qui ne sont justement pas toujours dans la Foi. Nourrir l’étranger qui souffre tout près de moi, dans son corps et dans son âme.
Les occasions de bien faire sont tellement nombreuses.
Alors tout comme le levain qui met plus de temps que les levures industrielles à fermenter la farine, tout comme la lecture de textes qui nous élèvent demande plus d’effort que le visionnage de vidéos sans intérêt sur nos smartphones, j’ai le sentiment que nous sommes appelés à prendre le temps et de faire les efforts nécessaires afin de nourrir notre corps et notre âme avec douceur, exigence et bienveillance.
C’est d’autant plus le moment de prendre soin de nous, que le temps de carême approche à grands pas : préparons-nous dès à présent pour ce futur temps de conversion !
Je vous souhaite une belle journée mes amis.
Droits image: Temps Spirituel