Liban
Le 21 juillet 2024, Paul Watson, militant écologiste et défenseur des baleines, a été arrêté au Danemark. Il est toujours en attente d'une décision d'extradition vers le Japon, qui l'accuse de coresponsabilité dans des dommages et blessures survenus à bord de l'un de ses navires baleiniers en 2010. Afin de mieux comprendre son combat et la situation des baleines dans le monde, nous avons interrogé Léa David, chercheuse en biologie marine à l'EcoOcéan Institut et spécialiste des cétacés.
Les baleines, ces mammifères marins, géants des océans depuis 50 millions d'années, sont aujourd'hui menacées par les activités humaines. Plus d'un siècle après l'apogée de la chasse à la baleine, la plupart des populations de ces cétacés peinent à se reconstituer.
Il est difficile d'évaluer précisément le nombre de baleines en mer en raison de l'immensité des zones à surveiller et du déplacement constant de ces animaux. Léa David estime qu'il reste aujourd'hui, selon les espèces, entre 10 % et 70 % des populations originelles. "Certaines populations se portent mieux, mais nous sommes bien loin des stocks que nous connaissions au début du XIXe siècle. Par exemple, il ne reste que 200 individus de la baleine franche noire de l'Atlantique Nord."
Certaines populations se portent mieux, mais nous sommes bien loin des stocks que nous connaissions au début du XIXe siècle. Par exemple, il ne reste que 200 individus de la baleine franche noire de l'Atlantique Nord.
La chercheuse identifie deux types de causes non naturelles de mortalité liées aux activités humaines. Le premier est direct et inclut la chasse, les collisions avec de grands navires, ainsi que les captures accidentelles. Le second est indirect, englobant la pollution sonore, chimique et par les microplastiques. "Il est difficile d'estimer l'impact réel des activités humaines car cela dépend de la physiologie et de l'état de santé des animaux", explique Léa David. La diminution des ressources alimentaires, liée à la surpêche, affecte également l'espérance de vie des baleines. "Si l'on additionne tous ces facteurs, il est compliqué pour nous d'évaluer l'impact sur les populations", conclut-elle.
Trois pays continuent officiellement de pratiquer la chasse industrielle à la baleine : le Japon, l'Islande et la Norvège. Selon Léa David, il n'existe pas d'interdiction formelle de cette pratique. "Dans les années 1920, 1930 et 1940, des pays non chasseurs ont formé une sorte de groupe. Au fil des décennies, le nombre de pays opposés à la chasse a augmenté, et ils ont voté un moratoire. Cependant, trois pays ont décidé de continuer." Un moratoire est un accord visant à suspendre temporairement une activité, mais ce n'est pas une loi contraignante. "Ces pays peuvent donc choisir de rester dans le groupe ou de faire ce qu'ils veulent. Il n'y a pas de lois imposant des sanctions en cas de non-respect", regrette Léa David.
Dans les années 1920, 1930 et 1940, des pays non chasseurs ont formé une sorte de groupe. Au fil des décennies, le nombre de pays opposés à la chasse a augmenté, et ils ont voté un moratoire. Cependant, trois pays ont décidé de continuer.
Pour réguler cette pratique, plusieurs mesures ont été mises en place, comme la création de vastes sanctuaires en Antarctique. Cependant, la chasse et la pêche illégales persistent, dénoncées par des lanceurs d'alerte comme Greenpeace ou Sea Shepherd. "Ils révèlent ce qui se passe dans ces zones difficiles d'accès."
De nombreuses personnes s'engagent aujourd'hui pour trouver des solutions techniques aux causes de mortalité accidentelle des baleines. "Mais il est essentiel d'interdire les chasses illégales", précise Léa David. Pour la chercheuse, la chasse à la baleine n'est plus nécessaire. "Ils justifient cette pratique sous couvert de recherche scientifique ou de traditions culturelles. Mais s'ils veulent vraiment préserver leurs traditions, qu'ils continuent à chasser avec des harpons à main et à cultiver leurs terres avec des chevaux et des ânes !"
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