Les pèlerinages attirent toujours plus de personnes. En 2022, environ 433 641 pèlerins ont parcouru les chemins de Compostelle jusqu’à l’arrivée et près de 3 millions de personnes se sont rendues à Lourdes la même année. Au total, les grands sanctuaires de l’Hexagone accueillent à eux-seuls plus de 40 millions de visiteurs chaque année. Mais pourquoi un tel engouement ? Les motivations des pèlerins s’avèrent variées et les bénéfices qu’ils décrivent le sont d’autant plus.
Le désir de se mettre en route s’explique différemment en fonction des personnes. Pour certains, il s’agit simplement de quitter son quotidien et de vivre autre chose, de combler une quête intérieure ; pour d’autres, il s’agit d'un véritable voyage spirituel pour se rapprocher de Dieu. Quoiqu’il en soit, le résultat est toujours le même : une grande satisfaction, parfois même une paix intérieure. Cependant, il faut différencier le pèlerin du randonneur. Le premier "a un but puisqu’il va vers un haut lieu sacré", estime Gaële de la Brosse, journaliste et éditrice, auteure de Éloge du pèlerinage, aux éditions Salvator.
"Ma vie personnelle et professionnelle arrivait dans une impasse", confie François-Xavier de Villemagne, auteur de Pèlerin d'Orient, aux éditions Transboréal. Il insiste notamment sur le fait de "partir de sa vie actuelle" et s’est ainsi rendu à Jérusalem. Ce pèlerinage était "le moyen concret à ce moment de mon existence pour avancer dans la vie", raconte l’écrivain. L’objectif ici n’était pas nécessairement religieux, malgré "la foi" qu’évoque François-Xavier de Villemagne.
"J’avais un ancrage en Bretagne, une maison familiale", explique Xavier Accart, rédacteur en chef de la revue Prier, auteur du livre Tro Breiz, ma Bretagne intérieure, aux éditions Salvator. Celui-ci évoque la déchristianisation des territoires comme motivation, en particulier de la Bretagne. C’est pourquoi le rédacteur en chef a voulu faire le Tro Breiz, c'est-à-dire le le tour de Bretagne passant par les sept cathédrales fondatrices. Il raconte avoir ressenti une réelle liberté lors de cette expérience.
Quelle que soit la destination, un pèlerinage est l’occasion de rencontres nombreuses. Même s’il en existe deux sortes, selon Gaële de la Brosse qui évoque "le pèlerinage collectif, accompagné et structuré, et celui individuel, avec une démarche personnelle", il s’agit d’un moment de partage et d’échange. Les autres pèlerins sont les premiers rencontrés, mais c’est sans oublier ceux qui ouvrent leur porte aux voyageurs. "J’ai même fait la rencontre d’une vieille tante chez laquelle j’étais logé", raconte Xavier Accart.
Par ailleurs, ces moments de partage donnent lieu à des échanges à cœur ouvert. Même pour une personne qui se dit réservée, comme François-Xavier de Villemagne, "la nécessité l’impose". En effet, les circonstances obligent à "aller tous les jours vers l'autre", estime-t-il, avant de préciser que les autres pèlerins "sont des personnes qu’on ne reverra jamais, on ne prend aucun risque à s’ouvrir". Ainsi, ce peu de temps passé entre les marcheurs force à aller à l’essentiel et permet une intégration.
Se mettre en marche n’est pas toujours évident. "La première fois est difficile et pleine d'incertitudes", indique Xavier Accart. En effet, comme pour toute marche ou randonnée, il arrive de rencontrer des difficultés sur la route et il faut lutter contre soi-même. Mais ces obstacles sont secondaires et ne doivent pas être un frein. "C'est une expérience incroyable", insiste Gaële de la Brosse.
Un pèlerinage fait partie "des moments rares dans la vie ou quelque chose de plus se passe", selon François-Xavier de Villemagne. Pour lui, c’est un moment "plein de lumière", grâce auquel "le cœur profond est touché". Alors, dès que l’on ressent l’envie ou le besoin de faire un pèlerinage, quel qu’il soit, il faut sauter le pas et ne pas hésiter à prendre la route.
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