Trois semaines après le début du mouvement de contestation en Turquie, la mobilisation continue. Ce week-end, une nouvelle vague de manifestation est prévue. Pour ne pas perdre l'élan de qui, s'est légèrement essoufflée avec les fêtes de la fin du ramadan et la fermeture des universités, l’opposition se remobilise avec comme fer de lance la jeunesse.
Trois semaines après le début du mouvement de contestation en Turquie, la mobilisation continue. Ce week-end, une nouvelle vague de manifestation est prévue. Pour ne pas perdre l'élan de qui, s'est légèrement essoufflée avec les fêtes de la fin du ramadan et la fermeture des universités, l’opposition se remobilise avec comme fer de lance la jeunesse.
Ekrem Imamoglu, le maire d'Istanbul arrêté le 19 mars est toujours en détention pour "corruption" L'arrestation de l’opposant principal au président Erdogan a déclenché une fronde inédite dans le pays depuis le mouvement de Gezi en 2013. Le parti d’Imamoglu, le CHP (social-démocrate kémaliste) organisera des rassemblements nocturnes tous les mercredis soir dans un quartier d'Istanbul. Et chaque week-end à travers le pays, "en commençant demain par Samsun, Ville historique d'où Atatürk est parti au début de la guerre d'indépendance en 1919. "Je pense que c'est une bonne stratégie, justement, pour renforcer cette mobilisation. On a eu neuf jours sur lesquels le gouvernement comptait pour un peu démobiliser ce mouvement. Erdogan veut jouer le pourrissement dans le temps, mais en même temps, la répression" explique Umit Metin, coordinateur de l’association française de l’Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (ACORT). Depuis le 19 mars, les autorités turques ont arrêté près de 2.000 manifestants. "C’est une manière "d'organiser la peur. Les arrestations sont utilisées vraiment pour punir les manifestants d'être présents" dénonce Jenny Venderliner, coordinatrice Turquie et Moyen-Orient pour l’ONG Amnesty International.
Le président Erdogan est au pouvoir depuis près de 20 ans et les jeunes dans la rue n’ont connu que lui au pouvoir. "La jeunesse constate que de jour en jour, elle a moins d'avenir en Turquie. Les jeunes n'ont plus rien à perdre pas d'autre choix que de lutter pour un avenir meilleur" estime Umit Metin. Depuis quelques années la Turquie subie une crise économique majeure et une crise du pouvoir d’achat qui constitue aussi un terreau à la contestation même si cela ne suffit pas pour expliquer l’ampleur de la contestation. "Le mécontentement s'articule avec une convergence de différents mouvements : kémalistes, kurde, féministe, LGBT, antiautoritaire, etc… Cette jeunesse commence à voir que ça marche et cela leur donne de l’espoir" analyse Pinar Selek, sociologue à l’Université Nice-Côte d’Azur réfugiée en France.
Cette fédération d’oppositions offre selon la sociologue des perspectives de mobilisation dans le temps long : "cette convergence, quand elle dure quelques mois, ne fais pas d'effet. Mais quand elle dure 20 ans petit à petit, crée une structuration sociale". "Ce n'est pas une révolution politique, mais c'est un changement qui vient de bas. Cela a créer un mouvement qui ne peut pas être réprimé, juste en fermant un parti politique ou en arrêtant des gens parce qu'il est incontrôlable" précise Pinar Selek.
Le parti d’Ekrem Imamoglu demande un soutien des démocraties étrangères, dont celles de l'Union européenne. Les réactions ont été minimales ces dernières semaines d’où la volonté d’association turques de se mobiliser comme c’est le cas en France. Mais ces militants sont aussi sous pression. "Même en France cet état de répression et de délation a été installée par le gouvernement turc depuis quelques années vis-à-vis des personnes originaires de Turquie. C’est un climat de peur" détaille Umit Metin.
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