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RCF Faire avec nos émotions électorales, par Aymeric Christensen

Faire avec nos émotions électorales, par Aymeric Christensen

Un article rédigé par Aymeric Christensen - RCF, le 27 juin 2024  -  Modifié le 27 juin 2024
Le point de vue de 7h55 Faire avec nos émotions électorales, par Aymeric Christensen

LE POINT DE VUE D'AYMERIC CHRISTENSEN - Dimanche 30 juin aura lieu le premier tour des élections législatives. Et pour aborder ce scrutin majeur, ce matin, Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie, a voulu nous prendre par les sentiments.

Aymeric Christensen © Profil facebook Aymeric Christensen © Profil facebook

Qu’est-ce qui guide notre choix au moment de glisser un bulletin dans l’enveloppe ? Les enjeux politiques, l’analyse des programmes… mais aussi, bien souvent, une dose d’irrationnel. Quand on dit ça, on pense en général aux émotions des autres : leurs peurs, leurs colères, leurs faiblesses, leurs intérêts… Mais nous ? Avec quelles émotions allons-nous entrer dans l’isoloir, dimanche ? La crainte, le ressentiment, la tristesse ? La jalousie, la confusion ? La honte ? Pour quelques chanceux peut-être, la confiance, la fierté ou l’espoir. Pour d’autres, une imperturbable habitude ?  Soyons honnêtes : tout choix suppose des sacrifices. Et il est rare de voter en ressentant une joie fraîche et pure. Si la politique est une passion française, reconnaissons qu’elle prend trop souvent des allures de passion triste.

Voter avec ses émotions ?

Bien sûr, il n’est pas question de nier ces sentiments ! Au contraire : c’est parce qu’ils sont inévitables qu’ils ont leur place dans le processus de vote. Et que nous devons les apprivoiser, pour ne pas nous laisser dominer par eux. Toutes ces émotions viennent se glisser, malgré nous, entre nos options philosophiques, nos systèmes de valeurs, nos repères moraux et la part moins avouable de nos intérêts bien compris. Elles nous affectent, elles nous orientent, pour le meilleur parfois, mais aussi pour le pire. Quand on les identifie, on laisse donc moins de portes d’entrée à ceux qui voudraient les manipuler, jouer avec les mouvements incontrôlés de nos âmes pour en tirer des forces destructrices. 

Un paysage politique électrisé et une atmosphère suspicieuse

Raison de plus pour laisser une place encore plus grande à l’introspection. Vous savez, on compare souvent l’isoloir à un confessionnal. Bon. La ressemblance est amusante, mais assez vite limitée : dans l’isoloir, pas de médiateur avec qui discerner, pas d’absolution… d’ailleurs, c’est parfois en ressortant que l’on aurait à se faire pardonner. Mais c’est vrai que rarement un vote aura autant ressemblé à un examen de conscience. Sur ce plan, au-delà du ressenti personnel, de la fébrilité, des inquiétudes, nous avons comme chrétiens des options préférentielles claires et connues : la protection attentive de la dignité humaine, la promotion active de la justice sociale et écologique, la fraternité universelle, l’œuvre constante en faveur de la paix.

Il y a 577 circonscriptions, et chacun saura identifier quelles candidates ou quels candidats saura le mieux les défendre au plan national. En gardant à l’esprit, aussi, qu’un premier tour est souvent l’occasion de permettre à une tendance de peser au sein d’une alliance plus large.

Ne pas se laisser aveugler

Le moment est grave et que le péril est bien réel, remettons nos sentiments à leur juste place. Et méfions-nous des solutions trop simples, toutes faites, des paroles doctes et définitives – surtout celles qui désignent des coupables avant d’esquisser des projets. Car les boniments ne feront qu’aggraver la crise de foi dans le politique et dans l’avenir. Il n’y a jamais de fatalité en démocratie ; il n’y a que des résignations.

Alors, voter en conscience, évidemment, mais peut-être plus encore cette fois-ci : voter en confiance.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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