LE POINT DE VUE DE BLANCHE STREB - Blanche Streb revient sur le film « Libres », sorti le 2 octobre. Santos Blanco a parcouru l'Espagne, au cœur de plusieurs monastères. Le réalisateur est allé interroger ces personnes, ces hommes et ces femmes, qui ont choisi une vie contemplative, recluse, et qui ont donc librement renoncé à une vie extérieure. Ce sont des lieux où finalement les caméras n’entrent jamais. C’est donc un film sur le voyage, mais pas n’importe quel voyage : le voyage intérieur…
Un voyage au cœur de l’âme humaine, au cœur des questions existentielles qu’on peut tous se poser, sur le sens de la vie, de la souffrance, de la mort, du don de soi, de ce qui rend vraiment heureux, de ce qui est superflu ou essentiel. C’est un film sur l’écoute et qui nous offre une sorte de mini retraite, c’est le mot qu’a choisi mon mari. L’ambiance est étonnante, on a le sentiment d’être en permanence dans un tableau de Georges de La Tour, entre ombres et lumière. Et on rencontre des hommes, des femmes, d’âges différents, aux histoires très différentes.
Ce qui m’a frappé c’est qu’on n’entend jamais aucune des questions qui leur sont posées. On n’entend qu’eux. Leur témoignage, leurs réponses. On vit avec chacun quelques instants hors du temps dans des tête-à-tête assez poignants, au rythme des confidences, des regards, des silences. Ce n’est pas niais. C’est doux. Même si ce qui est douloureux ou sacrificiel transparait aussi. Je dirais que ce film est un sublime testament, écrit par des vivants et pour des vivants.
Mais si tous ces témoins vivent reclus, pourquoi avoir choisi ce titre, « Libres » ? En fait il devait s’appeler « Duc In altum », ça veut dire « dans les profondeurs ». Mais à la fin du montage, ils se sont aperçus que le mot liberté est celui qui apparaissait le plus souvent.
Quand on le voit, on approche de ce sentiment. On comprend, à travers chacun que leur vocation n’est pas une fuite du monde, mais une liberté, un moyen d’aller vers ce qui compte le plus. Vers ce qui comble le plus.
On les suit aussi un peu dans leur quotidien, dans leur travail. Et c’est une démonstration d’écologie intégrale. On prend une leçon de connexion à tout ce qui est vivant. Plantes, potager, animaux, saisons, abeilles, le monde, donc, mais aussi connexion à soi-même, aux autres, au tout Autre. Et au bonheur simple qu’il y a à faire les choses les plus simples, les plus banales du quotidien, mais avec amour. Ça fait du bien. Une petite sœur très mignonne toute fripée explique, je cite, « Nous sommes comme les espaces verts en ville, ils ne servent à rien et pourtant ils sont indispensables. Il suffit de voir un espace vert et ça vous rafraîchit l’âme. Nous sommes les bornes qui indiquent le chemin vers Dieu. Même si nous sommes inutiles, et nous le sommes ».
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