L'Évangile de ce dimanche raconte l'un des épisodes les plus fameux de la vie de Jésus, où les disciples le voient marcher sur l'eau. Pourquoi ce miracle ? Pourquoi est-il dit que Jésus a bravé les éléments, lui qui a refusé d'exercer sa puissance lors de sa Passion ? Commentaires du Père François Lestang, bibliste.
Évangile du dimanche 13 août (Mt 14, 22-33)
Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier.
Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Source : AELF
Ce récit de l'évangéliste Matthieu a été écrit bien après la mort et la résurrection de Jésus. Son auteur raconte une scène d'action en extérieur avec la montagne, la mer, la tempête... "C'est très visuel", décrit le Père Lestang. Une sorte de mise en image de ce qu'est la vie plus forte que la mort. La "souveraineté" de Jésus "sur la mer", pour le bibliste, "elle est aussi souveraineté sur la mort. On est dans la nuit et voilà que Jésus domine ce qui est le plus menaçant."
Le mot "signe" appartient plus au vocabulaire de l'évangéliste Jean. "Le signe a l'intérêt de montrer quelque chose d'autre. Quand on parle de signe, c'est en vue de donner une intelligence", explique le Père Lestang. Certes le mot "miracle" n'est pas mentionné dans le texte, mais la marche de Jésus sur les eaux est plus de cet ordre, selon le bibliste. "Le miracle il a besoin d'une parole qui l'interprète. Le miracle c'est de voir ce qui n'a jamais été, quelque chose d'étonnant."
Ce miracle, on ne le lit que dans l'Évangile de Matthieu et pas chez Luc, Marc ou Jean. Et c'est chez Matthieu que l'on trouve une telle "mise en valeur de Pierre", précise François Lestang. Pierre est présenté comme "le porte-parole", le "relais de Jésus". Il n'empêche : voir Pierre encouragé à marcher sur les eaux comme le Christ, cela montre que "par la foi, ce que Jésus a ouvert, nous aussi on peut le vivre... Ce que fait Jésus c'est de nous rendre fils : comme lui, on peut marcher sur les eaux."
Pourquoi ce miracle ? Pourquoi est-il dit que Jésus a bravé les éléments, lui qui a refusé d'exercer sa puissance lors de sa Passion ? "Je crois que si on prend la barque comme notre fameuse zone de confort, répond le bibliste, la foi en Jésus me permet d'en sortir... Par la foi je peux aller plus loin."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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