Quand on parle du paradis, on pense à une vie de farniente au bord de la piscine... La vie éternelle dont nous parle Jésus nous fait sortir de nos fantasmes et interroge notre rapport au temps et à l'espace. Dans l'évangile de ce dimanche, le Christ explique que cette vie éternelle nous est donnée à l'instant même, si nous nous ouvrons à la présence divine.
Évangile du dimanche 21 mai (Jn 17, 1-11)
Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole.
Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.
Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux.
Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Source : AELF
L’évangile de ce dimanche est un texte dense, il appartient au long discours d’adieu que Jésus prononce devant ses disciples avant sa Passion. "C’est un peu l’heure du bilan, finalement, observe James Woody, pasteur de l'Église protestante unie de France à Montpellier, cette prière est pour Jésus une occasion de faire le bilan de tout son ministère." Mais on est loin d’un inventaire de ses actes ou du compte-rendu d’activité ! Ce "regard rétrospectif" que porte Jésus lui permet de redire quel était "l’objectif qui lui avait été assigné". "Sa vocation, décrit James Woody, c’était de glorifier Dieu : il va se demander s’il a réussi à glorifier Dieu."
Le temps de la Passion approche, il va falloir "faire en sorte que la croix devienne une occasion de glorification, une sorte de grand témoignage de ce qu’est le Père", explique le pasteur. Or, "le Père c’est justement celui qui inlassablement fait venir au monde, qui mène à l’existe ce qui n’existe pas encore".
La "glorification, c’est un peu "le gros mot" de cet évangile ! Il est présent pas moins de six fois dans ce passage. Aujourd’hui ce terme prend un sens "un petit peu ambigu", admet James Woody car lorsqu’on parle de la gloire, on imagine quelque chose en lien avec le star sytem… "Dans la Bible, la gloire, c’est bien autre chose !" Le mot kavod, en hébreu, renvoie à "ce qui lourd, ce qui est chargé, ce qui a du poids". "Glorifier c’est donner un poids, de l’importance. Rien à voir avec les paillettes !"
"Jésus va donner de la densité à sa relation au père pour qu’il y ait de la densité dans la vie des disciples." Lui qui "aurait dû être lapidé" sera finalement "élevé" sur la croix. "La croix, au fond, c’est une élévation." Pour James Woody, cela montre que Dieu "est capable de subvertir les situations". "Dieu, c’est celui qui donne les paroles qui font vivre. On veut le faire taire ? Il va y avoir une démultiplication de la parole… Ce que l’on veut terrasser ce que l’on veut enfouir, Dieu va le subvertir en le faisant apparaître dans une manifestation que même la mort ne pourra plus arrêter."
"La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent", dit Jésus en s’adressant à Dieu son Père. Cette fameuse vie éternelle, Jésus nous en donne une définition ici. Rien à voir avec l’immortalité : "Ce n’est pas une molécule qui permettrait de conserver une éternelle jeunesse ou quelque chose qui nous empêcherait de mourir." D’ailleurs la Passion le montre, Jésus a connu la mort, celle-ci n’est donc "pas effacée".
"La vie éternelle, on dit que c’est une connaissance du vrai Dieu", rappelle James Woody. Il ne s’agit donc pas de la vie après la mort puisqu’elle "est accessible dès à présent". "Jésus parle de Dieu en terme de Père : le Père, c’est celui qui donne des paroles de vie et qui fait venir au monde." Il s’agit de comprendre notre existence "en fonction de la vie et pas de la mort". De "ne pas chercher à tout prix à éviter la mort, le vieillissement, mais de c’est s’efforcer de propulser notre histoire à la hauteur de ce que Dieu désigne..." Il est question ici de qualité de vie, plutôt que de quantité, "une qualité infinie".
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