Dans le christianisme, on insiste sur la façon dont Jésus a souffert avant d’être crucifié. Or, s’il est pour les chrétiens à la fois homme et Dieu, il aurait sans doute pu éviter cela ! Comme homme, il était libre de refuser sa Passion. Et en tant que Dieu, il était tout-puissant pour empêcher cela. Jésus aurait-il pu refuser sa Passion ? Réponses de Mgr Étienne Vetö, évêque auxiliaire du diocèse de Reims et membre de la communauté du Chemin neuf.
Au cours de la Semaine sainte, les chrétiens commémorent la mort de Jésus sur la croix avant de fêter sa résurrection dans la nuit de Pâques. Ce que l’on appelle la Passion du Christ désigne la période qui précède sa mort : arrestation, flagellation, couronnement d’épines… Les évangiles décrivent les souffrances que Jésus a endurées : en plus des sévices physiques, Jésus a subi humiliations et moqueries.
"Alors Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé. Les soldats tressèrent avec des épines une couronne qu’ils lui posèrent sur la tête" (Jn 19, 1-2), écrit Jean. Il est coutume de dire que Jésus a enduré les pires souffrances. Au-delà du caractère poignant, le récit de la Passion du Christ soulève de nombreux questionnements : fallait-il que Jésus souffre autant ? Pourquoi a-t-il accepté de souffrir ?
Dans les Évangiles, certaines paroles de Jésus montre qu’il se rend compte qu’il va être tué. "Voici que nous montons à Jérusalem, dit Jésus dans l’évangile de Matthieu. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort et le livreront aux nations païennes pour qu’elles se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera." (Mt 20, 18-19)
Mais on peut se demander jusqu’où lui qui était Dieu savait ce qui lui allait lui arriver ? Mais aussi, "puisqu’il était aussi véritablement homme, souligne Étienne Vetö, une partie de cela lui était caché ou en tout cas il le vivait avec des émotions humaines…" On peut imaginer le tiraillement du Dieu conscient de son sort et de l’homme pris par la peur et l’angoisse. Ce qui est remarquable, selon l’évêque c’est que "dans cette peur il dit : Oui Père".
En revanche, selon Mgr Vetö, "Jésus savait certainement qu’il allait vivre quelque chose pour toute l’humanité. La manière dont il va vers la mort, on sent que c’était clair pour lui qu’il allait vivre quelque chose pour toute l’humanité."
Jésus était venu pour ça, né pour ça, grandi pour ça, formé pour ça
"C’est difficile d’imaginer qu’il aurait pu résister, estime Mgr Vetö, il était venu pour ça, né pour ça, grandi pour ça, formé pour ça." Ce qui a de quoi qui donner une image plutôt terrifiante de Dieu ! "Peut-être que la mort violente, par contre, ça il a dû s’en rendre compte peu à peu car ce n’est pas son Père qui l’a tué, c’est les êtres humains avec leur péché qui l’ont tué."
Pour comprendre l’attitude de Jésus durant sa Passion, il faut voir du côté de la relation entre Jésus et son Père. Pour Mgr Vetö elle est comparable à un couple dont l’un des partenaires est malade et auprès de qui le conjoint fait le choix de l’accompagner et de l’aimer, de traverser avec lui l’épreuve de la maladie. "Il y a ce choix libre d’aimer vraiment jusqu’au bout. En fait, Dieu s’engage dans l’histoire de l’humanité de cette manière-là."
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