Chaque année lors de la Semaine sainte, on nous le dit : grâce à la mort et à la Résurrection du Christ, nous sommes sauvés. Mais sauvés de quoi ? Le monde, nos vies, continuent indéfectiblement d'être traversés par le mal et la souffrance. Pourquoi croit-on que le Christ a sauvé le monde ? Que contient vraiment la promesse du Salut chrétien ? Que nous est-il proposé de croire ? Réponses du nouvel évêque auxiliaire de Reims, Mgr Étienne Vetö.
À l’occasion de la programmation spéciale Pâques sur RCF en direct du monastère de Saint-Thierry (Marne), tout près de Reims, Mgr Étienne Vetö est notre guide spirituel pour la Semaine sainte. Ordonné évêque il y a six mois, le 26 juin 2023, le premier évêque de la communauté du Chemin neuf s’apprête à vivre sa première Semaine sainte en tant qu’évêque auxiliaire de Reims. "Il y a quelque chose que je trouve extraordinaire, confie-t-il, c’est que c’est à chaque fois nouveau, en particulier, puisqu'on parle de salut, j’ai l’impression de pouvoir entrer dans la Semaine sainte avec l’attente que quelque chose va changer et qu’il y a un point de souffrance ou de péché de ma vie que je peux remettre à Dieu."
Lors de la Semaine sainte les chrétiens se concentrent sur un message : le salut des hommes. On nous dit que Dieu nous a sauvé à travers la mort et la Résurrection de son fils. Mais qu’est-ce que le salut ? Comme le rappelle Mgr Vetö, agrégé de philosophie, le terme vient du latin "salus", qui signifie "la santé". "Au départ, le salut, c’est être protégé de la maladie ou de quelque chose qui va mettre en péril notre vie. Le sens s’est énormément développé avec la Bible, le judaïsme et le christianisme."
Dans la société actuelle moderne, on entend rarement nos contemporains dire qu’ils ont un besoin urgent d’être sauvée… Pourquoi cette rhétorique du salut est-elle toujours aussi présente dans le christianisme ? "Dieu, au Premier Testament, se présente comme le Dieu sauveur", nous dit Étienne Vetö. Le Dieu de la Bible est en effet "d’abord" le Dieu qui sauve le peuple hébreu de l’esclavage en Égypte et qui le conduit à travers le désert jusqu’en terre promise.
Ce que Dieu promet, c’est à la fois de libérer son peuple de l'esclavage et aussi de l'amener "à plus de vie". La terre promise étant le symbole d’un lieu sûr où la vie est donnée en abondance. Dans la Bible, c’est un lieu "où les Hébreux vont pouvoir vivre, se déployer, donner le meilleur d’eux-mêmes et devenir eux-mêmes". Le Dieu de la Bible, ce "Dieu qui sauve" est donc le Dieu de la vie en abondance, dont la promesse est pour toujours.
Dieu nous promet de venir à l’intérieur de nos souffrances pour les apaiser
La salut, c’est la réponse du Dieu de la Bible à trois maux de la condition humaine, que Mgr Vetö résume ainsi : "Souffrance, péché, mort". La souffrance d'abord : Jésus aurait-il vécu sa Passion pour nous épargner la souffrance ? On voit bien que ce n’est pas le cas ! "Dieu nous promet de venir à l’intérieur de nos souffrances pour les apaiser." Ce qu’a vécu le Christ ne nous empêche pas de souffrir. "Il ne le vit pas pour nous éviter de le vivre, il le vit pour nous ouvrir le chemin... On est appelés à s’accrocher à lui, je n’ai pas d’autre image que ça, on s’accroche à lui !"
Même saint Paul le dit : "Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas." (Rm 7, 19) comment croire que le peut être sauvé du péché ? Mgr Vetö nous rappelle que si le péché "est probablement le mal le plus profond" et "le plus grave", c’est "parce que j’en suis responsable".
Le péché, c’est ce qui "va me couper de Dieu et des autres". "Il procède d’un choix", nous rappelle l'évêque auxiliaire de Reims. Mais le chrétien croit qu’il peut recevoir l’aide de Dieu. On peut lui adresse cette prière : "Seigneur, libère-moi de ces colères, de ces difficultés à aimer."
Puisque Jésus est mort sur la croix, la Semaine sainte pose la question de la mort de manière particulièrement prégnante. Pour Étienne Vetö, que Jésus consente à mourir est "un grand geste d’abandon de la part de Jésus entre les mains de son Père, de confiance immense… Quand on se jette complètement entre les bras de Dieu on vit complètement en Dieu." Ainsi, la Passion est pour Jésus "le moment de sa plus parfaite communion avec Dieu". Or justement, "une de nos plus grandes difficultés, c’est de faire confiance à Dieu, de nous abandonner à Dieu... La foi c’est la forme la plus haute de la confiance", souligne Mgr Vetö.
La mort, c'est aussi nos ténèbres intérieures, nos zones d'ombres. Dans la tradition chrétienne, on dit que Jésus est descendu aux enfers, c'est-à-dire "dans un lieu où il n’y a pas Dieu, où il y a la mort". Sur des icônes qui le représentent attrapant Adam et Ève par le poignet, on voit des verrous qui sautent, des portes qui s’ouvrent. Ainsi, être sauvé de la mort, c’est laisser Jésus visiter nos ténèbres intérieures, nos zones d’ombre.
La situation du monde a l’air grave et en même temps qui voudrait vraiment vivre dans une autre époque, revenir en arrière ?
Les chrétiens croient que Jésus est le Messie et qu’il est venu dans le monde, envoyé par Dieu, pour le sauver. Si c’est effectivement cela sui s’est il y a 2000 ans, pourquoi y a-t-il autant de conflits ? Comment expliquer que l’humanité a autant de mal à vivre ce pour quoi elle est faite ? "Mais peut-être qu’il n’y a en même temps jamais eu autant d’amour que maintenant, questionne Mgr Vetö, la situation du monde a l’air grave et en même temps qui voudrait vraiment vivre dans une autre époque, revenir en arrière ? C’est comme s’il y avait une croissance du mal et une croissance du bien en même temps..."
L’évêque auxiliaire de Reims poursuit en rappelant à chacun individuellement que "la Semaine c’est un moment vraiment particulier où je peux voir quelle est la souffrance que j’aimerais déposer devant Dieu, ou le péché qui me bloque vraiment, ou la peur de la mort." Il nous encourage à "remettre ça devant le regard de Dieu" et à lui dire : "Cette semaine je t’offre cela, interviens particulièrement là-dedans."
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