L'évangile de ce dimanche nous le montre, même pour les disciples, il est difficile de croire à la résurrection du Christ. Eux qui avaient pourtant été enseignés directement par Jésus ont peur quand ils le voient ressuscité. La délicatesse de Jésus a quelque chose d'admirable : avec patience et pédagogie, il les aide à entrer dans la compréhension des Écritures.
Évangile du dimanche 14 avril (Lc 24, 35-48)
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »
Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux.
Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Source : AELF
Ce passage est situé quasiment à la toute fin de l’évangile de Luc : "On est sur le départ du Christ", explique Patrick Laudet, diacre permanent du diocèse de Lyon. Après l’épisode des pèlerins d’Emmaüs, où Jésus ressuscité s’est joint aux disciples, qui rentraient dépités de Jérusalem après la mort de Jésus. "C’était une des premières apparitions du ressuscité." Dans l’évangile de ce dimanche, ils vont assister à "une autre apparition".
Comme dans le passage des disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-32), il est fortement question ici de la compréhension des Écritures. "Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures", écrit Luc. Ce verset est tout à fait central. Pour les disciples en effet tout l’enjeu est de savoir relier ce qui se joue au présent à ce qu’avait annoncé Jésus.
Les disciples "avaient en principe tous les éléments" pour comprendre la résurrection, observe Patrick Laudet, "s’ils avaient évidemment été très à l’écoute de ce que Jésus leur disait et peut-être très à l’écoute des Écritures. Mais voilà, c’est notre misère, notre péché, on ne comprend qu’après coup."
En regard, il est "bouleversant", selon le diacre, "de voir Jésus ne cesser pendant 40 jours, selon Les Actes des Apôtres, de revenir compagnonner avec eux !" Jésus ressuscité se manifeste aux disciples "pour vraiment leur mettre dans le cœur que c’est vraiment vrai la résurrection, que c’est vraiment lui, que ce n’est pas des histoires, un fantôme !"
La résurrection est en dehors de nos cadres de pensée
Le texte de Luc n’annonce pas l’arrivée de Jésus. Il dit seulement : il "fut présent au milieu d’eux". Le ressuscité en effet "n’a pas un corps comme il l’avait dans sa vie avant la croix", rappelle Patrick Laudet. Il n’est donc plus soumis "aux exigences de la corporéité". Par exemple, il n’a plus besoin de frapper à la porte pour qu’on lui ouvre. On pourrait presque croire à un fantôme ! D’ailleurs, les disciples ont peur. "Cet homme qui revient au milieu d’eux ça plutôt des allures de fantôme quoi !"
Et Jésus voit bien que ses disciples sont bouleversés. "Et il comprend bien qu’ils peuvent croire que c’est un fantôme, sauf qu’un fantôme, il vient du monde des morts et il va y retourner. Et il est tout sauf un fantôme."
Il faut dire que "c’est tellement difficile à comprendre, la résurrection, même pour nous". Pour Patrick Laudet, c’est ce qui rend plus "précieux" encore le témoignage des disciples. "Parce qu’ils avaient vraiment plus encore que chacun de nous de bonnes raisons d’être avertis et même eux ils butent jusqu’au bout…"
La résurrection est "en dehors de nos cadres de pensée". Et il est admirable de voir l’attitude de Jésus, d’une grande délicatesse. Au fond, sa question - "Pourquoi êtes-vous bouleversés ?" - c’est comme pour "faire sortir de leur cœur leurs peurs". "On est dans un merveilleux travail de catéchèse, là, estime Patrick Laudet. Il va se faire une nouvelle fois pédagogue de de ce qui est en jeu du dessein de Dieu dans sa relation d’alliance avec l’humanité."
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