Lors de la fête de la Toussaint, le 1er novembre, les catholiques célèbrent les saints. C'est aussi l'occasion de prier pour les bienheureux, les vénérables et les serviteurs de Dieu. Autant de titres que l'Église catholique peut attribuer à un baptisé après sa mort. Sous quels critères ? Et que signifient-ils ?
Même si l’on dit la culture catholique en recul, l’usage de souhaiter une "bonne fête" à un proche a tendance à perdurer, lorsque l’éphéméride indique le saint du jour. Et chaque 1er novembre, pour la fête de la Toussaint, ce sont tous les saints du calendrier que les fidèles catholiques célèbrent. Quelle différence y a-t-il entre les saints et les bienheureux ? Et qu'est-ce que la sainteté ?
La sainteté est généralement synonyme de perfection. Pour les croyants, il n’y a que Dieu qui est saint, c’est même sa principale caractéristique. Mais dans la religion catholique, la sainteté désigne, "par extension, l’état de vie de ceux qui par leur exemple et leur union au Christ sont des modèles pour les autres" (source : Église catholique en France).
Ainsi, pour les chrétiens, approcher de la sainteté, c’est s’approcher de Dieu. Il est logique de penser qu’au fond, tous les baptisés y aspirent. En tout cas, chacun y est "appelé" dit l’Église, aussi bien les prêtres et les religieux que les laïcs. Ce qui peut surprendre quand on sait combien les grands saints, comme Thérèse d’Avila, François d’Assise, ou Thérèse de Lisieux, font figure de héros.
Mais l’appel universel à la sainteté a été plusieurs fois proclamé dans l’histoire récente du catholicisme. C’est l’un des fruits du concile Vatican II, avec "Lumen gentium" (1964). Plus tard, le pape François l’a redit dans son exhortation apostolique "Gaudete et exsultate - Sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel" (2018).
Les saints sont les hommes et les femmes que l’Église catholique a canonisés - il y en aurait environ 8.000. La canonisation est l’aboutissement d’un long processus. Au Vatican, c’est la Congrégation pour les causes des saints qui s’occupe d’établir une enquête, on parle de procès en canonisation. La décision finale revient au pape, le chef de l’Église catholique.
Au fil des siècles, une étape avant la canonisation est devenue indispensable : la béatification. Pour être déclaré bienheureux, il y a plusieurs critères : la personne qui a mené une vie chrétienne exemplaire doit être décédée depuis au moins cinq ans. Il faut aussi établir que par son intercession un miracle a été accompli, puis prouver par la suite un second miracle pour l’étape de la canonisation. Critère que le pape peut décider de lever.
De même, si la personne est reconnue martyr, il n’est pas nécessaire de prouver un miracle pour la béatifier. Toutefois, la reconnaissance du martyre est une procédure à part, différente du procès en béatification. Ainsi, en ce qui concerne le Père Jacques Hamel, assassiné au cours de la messe qu’il disait le 26 juillet 2016, le procès en béatification est en cours depuis avril 2017. Quant à la reconnaissance de son martyr, Vatican News a précisé : "Le père Jacques Hamel fait partie des martyrs morts pour leur foi de l’an 2000 à nos jours, répertoriés par la commission des nouveaux martyrs témoins de la foi, créée par le Pape François le 5 juillet 2023." (23 juillet 2023).
Avant d’arriver au Vatican, le procès en canonisation est ouvert au sein du diocèse. Au cours de la phase diocésaine, des témoins sont auditionnés. La réputation de sainteté de la personne, d’après la "vox populi", la voix du peuple, a son importance. Elle pourra inciter le Vatican à reconnaître "l'héroïcité des vertus" du baptisé et lui attribuer le titre de vénérable. Mais le premier titre que l’Église accorde en reconnaissance du dévouement ou de la piété d’un fidèle est celui de serviteur de Dieu.
Dans la tradition catholique, la canonisation et la béatification sont de grandes fêtes et peuvent donner lieu à d’importantes célébrations. La béatification de Jean-Paul II par le pape Benoît XVI avait rassemblé un million de fidèles place Saint-Pierre à Rome, signe de la grande popularité du pape polonais. Parfois, c’est l’occasion de redécouvrir un saint local. Par exemple, la béatification en mai 2022 de Pauline Jaricot a permis aux catholiques de Lyon et au-delà de redécouvrir la vie et l’œuvre de cette jeune femme à l’origine des Œuvres pontificales missionnaires (OPM), une instance du Vatican.
Les saints et bienheureux tiennent une place importante dans le catholicisme. Il existe un culte des saints depuis les premiers temps du christianisme. Ouvrage incontournable, "La Légende dorée" de Jacques de Voragine (XIIIe siècle), qui regorge de récits où la légende se mêle à l’histoire, permet de saisir l’ampleur de toute une mythologie. Il y a des saints dont l’existence n’est pas prouvée, et dont le culte fait débat, comme Marguerite d'Antioche. Il y en a d’autres pour lesquels on a confondu plusieurs personnes en une, comme Marie-Madeleine. C’est la mission que s’est donnée la Société des Bollandistes, une société savante fondée par un jésuite belge, d’enquêter sur les vies des saints.
Ces récits qui, souvent, font la part belle au merveilleux ne doivent pas occulter les parcours plus ordinaires de nos contemporains. Le bienheureux Pier Giorgio Frassati (1901-1925), qui devrait être canonisé en 2025, a mené une vie d’engagement auprès des pauvres. Quant au bienheureux Carlo Acutis (1991-2006), qui devrait lui aussi être bientôt canonisé, il est le saint patron… des usagers d’internet ! L’un et l’autre offrent d’autres visages de la sainteté.
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