Trouver un sujet pour cette carte blanche n’a pas été facile. Le CoVid ? Le procès Sarkozy ? La violence des jeunes en banlieue ? Bien des sujets auraient pu retenir mon attention, mais je viens de faire une expérience qui les relativise un peu. Je viens de passer sept jours dans un monastère de femmes pour échanger avec plusieurs d’entre elles sur les combats intérieurs qui animent inévitablement celles qui ont tout donné pour Dieu.
Être le témoin privilégié de ce que ces femmes vivent dans leur intimité spirituelle vous donne de percevoir la réalité du monde avec un autre regard. Sous une apparente inutilité, leur production fermière étant destinée surtout à leur consommation propre, nous découvrons une vie centrée sur un essentiel invisible aux yeux du monde : la gratuité d’un amour sans réserve pour Dieu et leurs frères et sœurs en humanité. Leur vie se passe à répondre à un amour qu’elles perçoivent dans l’invisible de la prière. Cette vie est le plus souvent joyeuse. Elle est aussi l’occasion d’un combat invisible mais bien réel. La seule question qui vaille dans les murs du monastère est celle de l’éternité. Ce choix n’est pas sans une lutte parfois violente. En effet, notre nature humaine ira plus facilement vers le bruit, la facilité, mais aussi parce qu’un ennemi veille, ennemi qui révèle d’autant plus son visage que tous ses artifices mondains n’ont pas de prise ici : le démon. Tout est pensé par les moniales pour favoriser la rencontre avec Dieu. Aucune fuite n’est possible dans une distraction artificielle. Le démon va alors déployer tous ses artifices pour essayer de détourner ces athlètes de la vie intérieure de leur objectif, car il sait qu’une moniale fidèle à sa vocation, par sa prière, aura une efficacité bien supérieure à toute action humaine pour la paix et le salut du monde. L’ennemi utilisera toutes les difficultés de la vie en communauté et les failles psychologiques inhérentes à toute vie humaine pour essayer d’introduire le doute, la désespérance, la division. Assister à ce combat rend tout le reste bien relatif. Mais une certitude m’habite : si notre monde ne s’effondre pas, c’est grâce à l’offrande que ces femmes vivent dans le secret.
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