22 septembre 2023
De la Responsabilité Sociétale des Entreprises
Ne nous voilons pas la face : si nous ne faisons rien, le monde court à la
catastrophe ! Cet été, de nombreux records de chaleur ont été battus à travers
toute la planète (même s’il faut bien dire que nous avons été relativement
épargnés en Normandie, sauf en septembre), signe d’un réchauffement
climatique encore plus rapide que prévu. Dans le même temps, la biodiversité
s’effondre. Ce lundi, Ouest-France publiait une double-page sur le déclin de la
population des insectes qui a, dans certains cas, atteint plus de 50 % en à peine
dix ans 1 . Or, nous ne pourrions pas survivre sans eux car les écosystèmes et donc
les rendements agricoles en dépendent.
Dans ce même journal 2 , le climatologue Jean Jouzel, lanceur d’alertes depuis
1987, soit 36 ans quand même, fait part de sa récente intervention dans le cadre
des rencontres annuelles du Medef au cours de laquelle les patrons français, au
nom de la « vie réelle », semblent s’accommoder d’une transition qui prendra
encore beaucoup de temps, ce qui revient implicitement à accepter un
réchauffement climatique de 3 à 4°C aux conséquences incommensurables, y
compris d’ailleurs en terme économique.
Dans une récente tribune de La Croix 3 , cette fois, Fabrice Bonnifet, président
du Collège des directeurs du développement durable et lui-même directeur du
développement durable du Groupe Bouygues, apporte heureusement, si l’on
peut dire, un autre point de vue que celui du Medef. Il dénonce le fait que,
jusqu’à présent, les politiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE)
n’ont pas été transformatives et, pire, qu’elles ont « contribué à pérenniser des
modèles éculés ». Il appelle à une rupture : que l’on cesse de continuer de
privilégier le superflu, que l’on réinvente des modèles d’affaires contributifs et
régénératifs qui s’appuieraient nécessairement sur la sobriété.
Et oui, Jean Jouzel et Fabrice Bonnifet se rejoignent pour dire que cette
sobriété peut être désirable. « Il est temps de cesser d’infantiliser les gens en leur
faisant miroiter des illusions techno-solutionnistes », mais certainement pas de
renoncer à l’innovation au service d’un développement économique équilibré, la
raison d’être des entreprises étant de redonner du sens au progrès et à nos vies.
Pour cela, abandonnons une vision datée de la réussite !
1 Entretien avec Dave Goulson, professeur de biologie à l’Université du Sussex, dans Ouest-France du lundi
18 septembre.
2 Ouest-France du même jour.
3 Tribune dans la rubrique A vif de La Croix datée du lundi 11 septembre.
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