9 juin 2023
De la déchristianisation en France
Une étude récente de l’INSEE révèle que, désormais, 25 % des 18-59
ans se déclarent catholiques dans notre pays, alors que dans les années
1960, 90 % des enfants étaient baptisés dans les mois qui suivaient leur
naissance.
Et encore, parmi les catholiques, seuls 6 % considèrent la religion
comme un marqueur majeur de leur identité personnelle, une proportion bien plus faible que chez les juifs (54 %) ou les musulmans (30 %).
La transmission est une difficulté pour notre société contemporaine dans
son ensemble, que cela concerne la culture, les savoirs ou les valeurs en
général. Mais il semble bien que cela touche donc davantage encore les
chrétiens et les catholiques que les autres.
Ce constat est navrant. On peut se demander si, dans l’Eglise, de la part
de ses différentes composantes, clercs et laïcs de bonne volonté, il n’y a pas eu erreur sur les priorités. Nous n’avons, dans les structures ecclésiales, que le mot évangélisation à la bouche, mais nos paroisses peinent même à organiser simplement le catéchisme des enfants. Lorsque, en tant que diacre, je prépare ou célèbre des baptêmes, je rappelle bien sûr aux parents que le nouveau baptisé devra être élevé dans la foi mais je me demande s’il aura, concrètement, en vivant chez nous à la campagne dans l’Orne, accès à une formation chrétienne.
La chaîne est rompue et, ne nous voilons pas la face, il sera très difficile
de la reconstituer. Les scandales qui ont touché l’Eglise n’arrangent
évidemment rien à l’affaire. C’est triste et c’est dommage pour tous ceux qui ne rencontreront pas le Christ. C’est regrettable aussi pour notre société dont les repères humanistes s’effritent.
Comment s’étonner, dès lors, que, d’après un sondage du journal La
Croix effectué auprès des jeunes catholiques qui se rendront aux prochaines JMJ à Lisbonne, ils se ressentent comme « à contre-courant » ? Plutôt conservateurs, ces jeunes ne se considèrent pas comme gardiens de l’ordre établi, cet ordre ayant en quelque sorte disparu, mais plutôt comme contestataires.
Pourquoi pas ? Nous avons besoin de témoins en effet, qui sachent
exprimer leur foi et leur conviction et les vivre. Mais il s’agit d’être davantage dans l’annonce que dans le repli. Et pourvu que cela s’accompagne d’une véritable attention au monde contemporain et à ses défis qui sont également sociaux et écologiques.
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