14 avril 2023
Sur la fin de vie, suite à la convention citoyenne
La Convention Citoyenne sur la fin de vie a récemment rendu ses conclusions. Je ne sais ce qu’il faut penser de ce mode de consultation qui consiste à réunir des citoyens sans compétences particulières et sans représentativité pour réfléchir sur un sujet donné.
D’emblée, la question qui leur était posée était biaisée : « Le cadre d’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ? » Comment répondre par oui ? Car chaque vie et donc chaque fin de vie sont différentes et il est un peu illusoire de vouloir tout maîtriser, quel que soit le cas de figure, par une loi ou par divers dispositifs.
Quoi qu’il en soit la Convention Citoyenne recommande, à l’unanimité de ses membres, de renforcer notre système de santé pour accompagner les patients, et plus spécifiquement ceux en fin de vie, et leur garantir l’accès aux soins palliatifs. Telle devrait être en effet la priorité absolue pour humaniser notre mort.
La Convention Citoyenne s’est aussi prononcée en faveur d’une forme d’aide active à mourir, tout en soulignant le désaccord de certains de ses membres quant à la levée de tout interdit de tuer. Mais il n’en a pas fallu davantage pour que le Président de la République et Mme Firmin Le Bodo, ministre déléguée aux Professions de Santé, évoquent l’ouverture prochaine de ce qui est présenté comme un nouveau droit.
Attention, car les soins palliatifs sont en réalité incompatibles avec l’euthanasie et le suicide assisté. Dans un cas, il s’agit de soulager sans tuer et d’ajouter de la vie aux jours, lorsqu’on ne peut plus ajouter des jours à la vie, suivant la belle formule du professeur Jean Bernard. Dans l’autre cas, on a recours à des moyens déshumanisants pour « moderniser » la mort en la déléguant à des machines ou à une superstructure quelconque : l’euthanasie me paraît être l’autre face de l’acharnement thérapeutique dans un projet de toute puissance, signe de défiance vis-à-vis de l’humanité et de la nature dont nous faisons partie.
Il est faux de dire que cette prétendue liberté nouvelle, que l’on veut offrir à certains, n’enlèverait rien aux autres. Les plus fragiles, les plus isolés ressentiront une forme de pression pour en finir. La vraie liberté, c’est que chacun puisse être assuré que la société lui reconnaisse, quel que soit son état, une valeur inaliénable. Et comme l’a dit Mgr Rougé, évêque de Nanterre : « On ne peut pas faire des choix de liberté individuelle indépendamment de la prise en compte de la vie en société. (…) La liberté doit toujours être pensée en relation avec la solidarité ».
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