29 avril 2022
Un débat démocratique en deçà des défis à relever
Vianney Lecointre, diacre du diocèse de Séez, revient sur les débats électoraux récents, passés et à venir...
"La guerre en Ukraine a, entend-on parfois, perturbé le bon déroulement de la campagne électorale. Peut-être même en a-t-elle été un tournant essentiel. Pour ma part, je dois dire qu’elle a largement déterminé mon vote, notamment au second tour. Je suis convaincu en effet qu’elle représente un défi majeur pour nos démocraties. En s’attaquant à l’Ukraine, Vladimir Poutine veut faire reculer le modèle de justice, de respect, de libre opinion que l’Europe représente encore. Il est d’ailleurs convaincu qu’elle est décadente et qu’il peut l’abattre.
De fait, saurons-nous nous défendre ? Je ne parle pas ici de forces militaires, mais de notre détermination à faire valoir nos valeurs, de notre capacité à montrer que, malgré ses défauts, la démocratie est un régime enviable pour tous les pays.
En France, le niveau du débat à l’occasion de l’élection présidentielle laisse des doutes sur notre capacité collective à faire émerger des solutions aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. Pour le dire tout net, je trouve lamentable que les vrais sujets n’aient même pas été abordés : rien sur l’adaptation de notre Défense Nationale alors que la guerre est à nos portes ; rien sur la résilience de notre société face aux crises, ni sur l’amélioration de notre système de santé alors que nous sortons de deux ans de crise sanitaire ; aucun projet digne de ce nom pour contribuer à enrayer le bouleversement climatique et l’effondrement de la biodiversité qui mettent en danger l’avenir même de l’humanité…
« Ce qui est en jeu, c’est la dignité de la personne. Et si l’Europe est en danger, c’est avant tout parce qu’elle n’en a pas une idée assez juste et forte » alerte Constantin Sigov, un philosophe ukrainien cité par Jeanne-Emmanuelle Hutin dans un éditorial de Ouest-France. A cet égard, rappelons par exemple que le président Macron avait promis un projet de loi Grand Âge pour 2021. A la place, il nous propose désormais de discuter euthanasie…
La culture de mort, nous alertait déjà Jean-Paul II, est un poison pour nos sociétés. Les problèmes de l’humanité, expliquait-il dans son encyclique Evangelium vitae, doivent se résoudre par l’affirmation de la primauté de l’être sur l’avoir, de la personne sur les choses, par le passage de l’indifférence à l’intérêt envers autrui et le passage du rejet à l’accueil de l’autre.
Alors, messieurs les politiques, au travail pour les législatives ! Confrontez-vous aux vrais sujets."
Droits image: ©Gerd Altmann de Pixabay