La parole de l'Église sur l'écologie intégrale intègre toutes les dimensions de la vie humaine. Toute personne habite dans un corps charnel, avec son intériorité. Il existe aussi un corps social, c’est la société que nous formons. Plusieurs sociétés coexistent dans le monde, mais elles composent toutes un même corps social. Enfin, le grand corps environnemental, lui, nous contient tous. Le pape François et la doctrine sociale de l'Église veulent montrer, que “tout est lié”, entre ce grand corps environnemental, la vie de la société et la vie des individus. “Tout est lié”, répète le pape François dans Laudato si’. À ce titre, il associe la crise écologique à la crise sociale pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres.
"Ce grand corps environnemental" a longtemps été exploité abondamment comme s'il était une source infinie de ressources. Aujourd’hui, il envoie des signaux d’alerte qui invite à tout réinterroger : nos comportements, la façon dont individuellement nous vivons, nos liens aux autres, la manière dont les sociétés se construisent...
Il ne s'agit pas de sauver la planète, aux dépens des sociétés et aux dépens du droit des individus. Il faut entrer dans une cohérence entre les trois dimensions, la dignité de la personne, le bien de la communauté et la préservation de l'environnement.
Les spécialistes qui alertent sur l’état de l'environnement, l'épuisement des ressources et qui dénoncent certains modes de consommations et systèmes économiques, sont aujourd'hui largement écoutés. Pourtant, le père Stalla-Bourdillon s’interroge : "Pourquoi est-ce qu'alors que nous savons les choses, la volonté ne suit pas ?" Si les individus prennent conscience de la situation, la marche à suivre est plus dure à amorcer, car elle implique d’opérer de véritables transformations. Il fait appel à une conversion intérieure, et nous invite à suivre le pape François, qu’il qualifie de spécialiste de l'initiation des processus. "Pour le pape, même une décision, aussi petite, soit-elle, ouvre un chemin. Il veut initier des processus, car c'est à raison des processus qui sont initiés, aussi petits soient-ils, que demain le monde pourra changer", avance le théologien.
Le pape François appelle à une "révolution culturelle et courageuse" en faveur de l'écologie intégrale. Pour cela, il s'en remet à la science. Ses textes sont nourris par exemple des rapports du GIEC qui font autorité en la matière. Il appelle à la décroissance, mais pas à un retour à la préhistoire : "Il est indispensable de ralentir la marche pour regarder la réalité d'une autre manière. Recueillir les avancées positives et durables et en même temps récupérer les valeurs et les grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane", révèle-t-il dans Laudato si’. Le pape lance à tous les hommes de bonne volonté un appel à la conversion écologique : "Le moment est venu de nous poser et de travailler". Le père Stalla-Bourdillon appelle lui à un effort d'intelligence. "Nous avons énormément de connaissances. Il s'agit de les étudier profondément pour pouvoir en tirer une analyse, et prendre des décisions". Pour le théologien, ces choix doivent permettre d'élaborer ensemble un projet de société commun, alors une nouvelle société naitrait.
La culture écologique ne peut pas se réduire à une série de réponses urgentes et partielles aux problèmes qui sont en train d'apparaître par rapport à la dégradation de l'environnement, à l'épuisement des réserves naturelles et à la pollution. Elle devrait être un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité qui constitueraient une résistance face à l'avancée du paradigme technocratique.
(Extrait de l’encyclique du pape François Laudato si’)
Il est presque impossible de voter en conscience pour un candidat qui intègre tous les sujets essentiels de la doctrine sociale de l'Église. Cette dernière laisse chacun libre de voter en conscience selon ce qui lui semble prioritaire et essentiel. Pour le père Stalla-Bourdillon, le devoir du chrétien ne s'arrête pas au vote, il faut s'engager pour que la voix des chrétiens soit entendue. "Il y a deux types d'engagement, il y a un engagement politique, donc il faut honorer sa responsabilité de citoyen en allant voter, mais ça ne suffit pas, il faut encore s'engager personnellement, pour donner une suite, ou pour donner une incarnation à son vote." Par là, il insiste sur la nécessité des associations, des mouvements et des lieus de réflexion dans lesquels l’individu doit s’investir. Des mouvements qui permettent de donner du sens à des convictions.
Vivre la vocation de protecteur de l'œuvre de Dieu est une part essentielle d'une existence. Cela n'a pas quelque chose d'optionnel, ni un aspect secondaire dans l'expérience chrétienne.
(Extrait de l’encyclique du pape François Laudato si’)
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