Lundi 8 avril, le Vatican a publié un texte qui fera date. Dans "Dignitas Infinita" ou "dignité infinie", le Pape François réaffirme les principes fondamentaux et les valeurs chrétiennes sur la vie et la dignité humaine. Les questions de bioéthique autour de l’interruption volontaire de grossesse, de la gestation pour autrui et de l’euthanasie sont notamment au cœur de sa réflexion. Voici sa position sur le sujet.
Dans ce document de 24 pages, le Vatican signale de "nombreuses et graves violations de la dignité humaine dans le monde contemporain". Certaines pratiques relatives à la bioéthique sont particulièrement visées : l’avortement, l’euthanasie et le suicide délibéré qui sont mis au même niveau que l’homicide et le génocide, parce qu’ils "s’opposent à la vie elle-même". Autre question de bioéthique dénoncée dans ce texte : la gestation pour autrui. Voici ce que dit "Dignitas Infinita" dans le détail.
C’est une position de l’Église que l’on connaît de longue date : le rejet de l’avortement. Dans son texte, le Dicastère de la doctrine de la foi rappelle ainsi que "la dignité de tout être humain a un caractère intrinsèque qui vaut depuis le moment de sa conception jusqu’à sa mort naturelle". Alors que la France vient d’inscrire le droit à l’Interruption volontaire de grossesse dans sa Constitution, l’Église s’inquiète de "l’acceptation de l’avortement dans les mentalités, dans les mœurs et dans la loi elle-même". Pour l'institution, ce sont les signes "d’une crise très dangereuse du sens moral, qui devient toujours plus incapable de distinguer entre le bien et le mal, même lorsque le droit fondamental à la vie est en jeu".
Face à ce constat, l’Église appelle à "regarder la vérité en face" et à "nommer les choses par leur nom […] sans céder à des compromis par facilité ou à la tentation de s’abuser soi-même". Par exemple, le terme d’interruption volontaire de grossesse à la place du terme d’avortement, "tend à cacher la véritable nature et à en atténuer la gravité dans l’opinion publique", selon le texte.
La dignité d’un enfant à naître est la base de la défense de tous les droits humains, selon le Dicastère qui appelle à "affirmer avec force et clarté, y compris à notre époque, que cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains".
Du 48e au 50e points du document, le Vatican dénonce la gestation pour autrui (GPA), cette pratique qui consiste à avoir recours à une mère porteuse pour les couples homosexuels ou pour ceux ne pouvant pas avoir d’enfants. "Je trouve regrettable la pratique de la dite mère porteuse, qui lèse gravement la dignité de la femme et de l’enfant", affirme le Pape François.
Aux yeux de la curie romaine, la GPA porte atteinte à la dignité de l’enfant ; or "l’enfant a le droit d’avoir une origine pleinement humaine et non artificielle, et de recevoir le don d’une vie qui manifeste en même temps la dignité de celui qui la donne et de celui qui la reçoit". Car il n’est pas uniquement question de la dignité, mais aussi de celle de la mère, selon le Dicastère de la doctrine de la foi : "avec une telle pratique, la femme se détache de l’enfant qui grandit en elle et devient un simple moyen asservi au profit ou au désir arbitraire d’autrui".
Estimant que cette pratique est "fondée sur l’exploitation d’une situation de nécessité matérielle de la mère" et qu’un enfant doit toujours être un cadeau et non pas "un contrat", le souverain pontife appelle la communauté internationale à interdire la GPA. Pour le moment, il n’existe aucun texte contraignant au niveau international. Seuls quelques pays ont décidé de l’interdire dont la France, l’Allemagne, la Belgique ou encore l’Espagne. D’autres en revanche autorisent la GPA : le Danemark, les Pays-Bas, la Grèce, le Canada ou encore certains Etats des Etats-Unis.
Autre sujet d’actualité au cœur de cette déclaration sur la dignité humaine : l’euthanasie. Alors que plusieurs pays comme la Belgique et les Pays-Bas l’ont légalisé depuis de nombreuses années et qu'Emmanuel Macron veut créer "un modèle français de la fin de vie", l’Église redit son inquiétude devant cette pratique "silencieuse mais qui gagne beaucoup de terrain".
Le texte s’alarme de voir le concept de "dignité humaine » utilisé « pour la retourner contre la vie elle-même". "Cette confusion, très répandue aujourd’hui, apparaît au grand jour lorsque l’on parle d’euthanasie. Par exemple, les lois qui reconnaissent la possibilité de l’euthanasie ou du suicide assisté sont parfois appelées 'lois sur le droit de mourir dans la dignité' ", déplore le Dicastère de la doctrine de la foi.
Face à ce constat, le Vatican appelle à "réaffirmer avec force que la souffrance ne fait pas perdre à la personne malade la dignité qui lui est propre de manière intrinsèque et inaliénable". Au contraire, cette souffrance peut même "devenir une occasion de renforcer les liens d’appartenance mutuelle et de prendre conscience de la valeur de chaque personne pour l’ensemble de l’humanité".
Le texte appelle à répondre aux besoins du malade au travers des soins palliatifs, tout en appelant à éviter "tout acharnement thérapeutique ou toute intervention disproportionnée". Et le Pape d’ajouter : "nous devons accompagner les personnes jusqu’à la mort, mais ne pas la provoquer ni favoriser aucune forme de suicide. Je rappelle que le droit aux soins et aux traitements pour tous doit toujours être prioritaire, afin que les plus faibles, notamment les personnes âgées et les malades, ne soient jamais écartés". Le souverain pontife précise par ailleurs que ce principe éthique ne s’applique pas uniquement aux chrétiens et aux croyants mais à tout le monde.
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