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Européennes 2024 : les enjeux de la crise migratoire

Un article rédigé par Baptiste Picot, Madeleine Vatel - RCF, le 15 mai 2024 - Modifié le 23 mai 2024
Je pense donc j'agisEuropéennes 2024 : les enjeux de la crise migratoire

Les élections européennes du 9 juin arrivent à grands pas. Selon les électeurs français, le thème prépondérant de ce scrutin est l’immigration, juste devant l’écologie. Quelles sont les compétences de l'Europe en matière de flux migratoire ? Quels sont les impacts de cette immigration sur les politiques des États européens et y a-t-il des solutions pour trouver un certain équilibre ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Madeleine Vatel et Melchior Gormand.

Camp de migrants à Bruxelles - Alain ROLLAND © European Union 2023 - Source : EPCamp de migrants à Bruxelles - Alain ROLLAND © European Union 2023 - Source : EP

Du 13 au 16 mai, dans le cadre d'une semaine consacrée aux élections européennes, l’émission Je pense donc j’agis se penche sur les quatre thèmes les plus importants pour les votants que sont : l’écologie, l’agriculture, la défense et la paix et enfin l’immigration. Dans cet article, focus sur les enjeux migratoires européens et ce qu’ils impliquent.

Les compétences de l'Europe en matière d’immigration 

"Pour certains, l’Europe est une forteresse, pour d’autres, c’est une passoire". En matière d’immigration, les pays européens ne sont pas totalement indépendants, "c'est une compétence partagée entre l’Europe et les États", explique Daniel Guéry, vice-président de la commission des migrations et vice-président du Comité Migration de la Société Civile au sein du Conseil de l’Europe. "L’UE s’occupe de l’immigration légale, mais les pays ont des moyens de contrôler le nombre de personnes qu’ils accueillent. On peut dire que l’UE incite, mais les pays gardent une certaine indépendance", rajoute-t-il.

Je trouve ça dramatique qu’on installe des postes de contrôles à l'extérieur des frontières.

Les pays qui continuent de refuser à accueillir des migrants,  sont contraints de verser de l’argent à l’UE : “Les États membres ont le choix entre accueillir des migrants ou payer 20.000 euros par tête pour justement ne pas les accueillir”, ajoute Guillaume Rossignol, directeur de JRS France. L’Europe est directement concernée par certains aspects de l’immigration, "l’UE s’occupe de la remigration et doit aussi s’assurer que les pays respectent les droits humains”, précise le directeur.

On a des accords avec la Turquie pour qu’ils protègent les frontières extérieures.

L'abolition des frontières a été un élément central dans la construction européenne. Aujourd’hui, elles sont utilisées pour lutter contre l’immigration. "Je trouve ça dramatique qu’on installe des postes de contrôles à l'extérieur des frontières. En Finlande par exemple, les postes frontières vers la Russie sont fermés et empêchent que des personnes reçoivent de l’aide", déplore Daniel Guéry. Contenir l’immigration passe aussi par des ententes internationales. L’Europe conclut également des accords avec des pays tiers pour endiguer les flux migratoires : "on a des accords avec la Turquie pour qu’ils protègent les frontières extérieures. On paye la Turquie très cher pour cela", explique Guillaume Rossignol.

L’impact de l’immigration sur les tendances politiques des pays européens

"Il faut regarder la situation en face". Les flux migratoires, de plus en plus importants depuis plusieurs dizaines d’années, ont alimenté les partis d'extrême droite et leurs idées. "L'Italie, le Danemark, les Pays-Bas ou l’Autriche sont des pays européens dans lesquels la droite domine des suites de l’immigration", se désole Béatrice Giblin, géographe, spécialiste de géopolitique et directrice de la revue Hérodote. Bien que certains pays d’Europe aient l'impression d’être submergés par l’immigration, ce n’est qu’une petite part des flux qui atteint l’UE. "75 % des migrants restent dans leur pays ou rejoignent des pays limitrophes", précise Guillaume Rossignol.

L’insécurité fait campagne à la place de la droite ! 

Certains faits d’actualités qui impliquent des migrants, sont également une aubaine pour la droite européenne. "L’insécurité fait campagne à la place de la droite !", s'insurge la géographe, et d'ajouter "qu’il ne faut pas troquer la rationalité pour les émotions".

Certains éléments historiques ont aussi poussé certains peuples à se tourner vers l'extrême droite : “durant la Première guerre mondiale, la Hongrie a perdu du territoire et beaucoup d’Hongrois ont été dispersés, créant un sentiment de nationalisme dans la politique hongroise. S’ajoute à cela le fait que les jeunes hongrois partent de plus de plus vers d’autres pays, engendrant une peur de la mort de la société et de la culture hongroise. Les gens se renferment donc sur eux même et votent pour les partis qui disent vouloir sauver l’identité hongroise, illustre Béatrice Giblin.

Quelles solutions pour trouver un équilibre ?

Des valeurs humaines et du temps peuvent permettre de créer une harmonie entre migrants et locaux. "L'accueil est un immense défi, mais quand on s’en donne les moyens ça fonctionne. Parce que ça crée du commun et ça fait grandir. Il est fondamental de savoir regarder la personne pour la comprendre, explique le directeur de JRS France, qui ajoute qu'il faut connaitre des migrants pour réellement comprendre les défis auxquelles ils sont confrontés. "Quand on accueille chez soi des personnes étrangères, ça nous change profondément et on se sent bien plus impliqués dans leurs problèmes."

Christine, une fidèle auditrice de l’émission, veut rappeler que, à la base, l’immigration n’est pas souhaitable : "c’est toujours un drame, pour eux et même parfois pour nous. Je pense qu’il faut aider les pays en voie de développement, sans que ça tombe dans les poches des dictateurs et des corrompus".

C’est toujours un drame, pour eux et même parfois pour nous.

Enfin, il faut penser à mettre de la nuance dans nos idées et nos propos : "les migrants ne doivent pas être les boucs émissaires, pas plus que les Européens qui, pour de mauvaises expériences, luttent contre l’immigration", rappelle Daniel Guéry.

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