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La victoire du Rassemblement National aux élections européennes n'est pas l'unique raison de la dissolution de l'Assemblée nationale

Un article rédigé par Imrane Baroudi - RCF, le 10 juin 2024 - Modifié le 19 juin 2024
Pour bien comprendrePour bien comprendre... Les conséquences de la dissolution de l'Assemblée

Au lendemain de l'annonce des résultats des élections européennes, l'heure est à l'analyse du score élevé du Rassemblement National. La liste de Jordan Bardella obtient 31,36% des suffrages devançant de plus de 15 points la liste de Valérie Hayer arrivée en deuxième position. Cette situation électorale inédite a poussé Emmanuel Macron à dissoudre l'Assemblée nationale et à convoquer de nouvelles élections législatives. Pour bien comprendre… les conséquences de la dissolution de l'Assemblée, nous recevions Olivier Rouquan, politologue, enseignant et chercheur en droit constitutionnel.

Soirée électorale de Rassemblement National le 9 juin, 2024 © Daniel Dorko / Hans LucasSoirée électorale de Rassemblement National le 9 juin, 2024 © Daniel Dorko / Hans Lucas

31,5% des suffrages exprimés par les électeurs français se sont portés sur la candidature de la liste de Jordan Bardella. C'est un score historique pour le Rassemblement National et un revers pour la liste de la majorité présidentielle. Face à cette défaite politique, le président de la république a entrepris d'organiser de nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet, en prononçant la dissolution de l'Assemblée nationale, sur application de l'article 12 de la constitution.

Ce revers de la majorité présidentielle et des autres partis de gouvernement s'explique par plusieurs critères que nous détaille Olivier Rouquan, politologue, enseignant et chercheur en droit constitutionnel : "On peut comprendre cette décision par une succession de faits politiques qui se sont produits depuis 2017, une majorité fragilisée, des textes de lois importants qui ont nécessité des usages du 49.3…"
 

Une situation politique instable depuis 2022

Suite à la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la république. La France entre désormais dans une nouvelle élection, législative cette fois-ci. Mais pour Olivier Rouquan, le résultat des élections européennes "ne préjuge en rien" des résultats des nouvelles élections législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet.

Pour le politologue, l'origine de la décision du président provient aussi de l'instabilité politique qui règne depuis 2022 : "Il y a 10 groupes à l'Assemblée nationale plus celui des non-inscrits. C'est déjà un paysage politique assez fragmenté qui est sorti des urnes en 2022." Réélu dans le même duel qu'en 2017, Emmanuel Macron n'avait cependant pas obtenu de majorité absolue en remportant seulement 245 sièges, n'atteignant pas les 289 nécessaires pour gouverner sans contraintes. Cette situation a poussé la majorité à négocier ou à utiliser à de nombreuses reprises l'article 49.3, s'attirant la défiance des oppositions et de l'opinion publique.

Le chef de l'état et le premier ministre ont déjà utilisé des instruments pour essayer de conserver un ordre, mais on peut penser après le résultat inédit de l'extrême droite que le président devait utiliser la dissolution pour essayer d'en retrouver un peu.

La victoire importante du Rassemblement National aux élections européennes a été la goutte d'eau qui a contraint Emmanuel Macron à prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale, probablement pour renouer avec l'opinion et tenter de retrouver une situation politique claire.

Une nouvelle sociologie du vote RN

Ce qui est inédit dans les résultats des élections européennes est certes la victoire historique du Rassemblement National, mais aussi la capitalisation à travers les classes sociales du vote pour le parti d'extrême droite. Auparavant, le parti de Marine Le Pen séduisait principalement les catégories socioprofessionnelles dites "CSP-" : les ouvriers et les employés. C'est toujours le cas, 54 % des ouvriers, 40 % des employés ont adressé leur vote à Jordan Bardella.

Mais désormais le vote RN progresse aussi chez les cadres et chez les retraités qui était plutôt favorable en 2019 à la majorité, lors des dernières élections européennes. "Nous remarquons que le Rassemblement National obtient désormais 20% du vote des cadres." démontre Olivier Rouquan. 

C'est un vote qui est corrélé avec un très fort sentiment d'inquiétude, de colère, voire d'angoisse.

Le vote RN se nationalise par la même occasion. La carte de France s'est coloré en bleu marine : "Géographiquement quand on regarde une carte électorale aujourd'hui, elle est quasiment recouverte partout" témoigne le politologue. Jordan Bardella est arrivé en tête dans plus de 32 000 communes. Le vote RN a progressé aussi dans des régions dans lesquelles il n'était pas plébiscité lors des derniers scrutins, comme en Bretagne.

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