Dites-nous ce que vous faites de vos morts et nous vous dirons qui vous êtes. Depuis des millénaires, les rites funéraires constituent un des fondements de notre civilisation et de sa culture. Comment ces rites et les lieux qui les accueillaient ont-ils évolué ? Réponses de l'historien Régis Bertrand, qui a co-dirigé le livre "Cimetières et tombeaux - Patrimoine funéraire français" (éd. du Patrimoine, 2018).
Si les nécropoles, ces vastes groupements de sépultures, étaient dans un premier temps polythéistes, "le christianisme apporte très tôt ses spécificités", présente Régis Bertrand. Et cela même parce que cette religion est fondée sur la mort et la résurrection du Christ, et qu’elle entretient donc un rapport particulier avec la mort. Dans la lignée de certains récits et textes, l’Église instaure très vite l’inhumation comme la règle et développe le soin aux morts.
Le christianisme est la seule des religions monothéistes à admettre l’inhumation et la mise à l’ossuaire des restes (notamment des corps abîmés des martyrs). "La facilité avec laquelle ils peuvent manier les restes des morts, contrairement aux autres religions, c’est le fondement même de l’organisation de nos cimetières", commente le professeur émérite d’histoire moderne à l’université d’Aix-Marseille.
C’est d’ailleurs ce qui explique que de nombreux restes ont été extraits des catacombes, après leur redécouverte aux XVIe et XVIIe siècles (leurs accès avaient été enfuis). "Car les Chrétiens ont considéré qu’ils étaient un extraordinaire réservoir de chrétien" et donc de reliques potentielles.
Autre différence notable avec les autres religions : l’endroit où les chrétiens enterrent leurs morts. "Dans l’antiquité polythéiste, le corps mort étant impur, on ne l’enterrait pas au cœur de l’enceinte, il était enterré en secteur périurbain." Tandis que les chrétiens eux, souhaitaient être enterrés dans les lieux de culte ou à proximité, afin d’être "le plus près possible des saints d’exception parce qu’on pense qu’ils jouissent déjà de la béatitude céleste", explique Régis Bertrand. "Mais la raison principale, ajoute t-il, c’est que l’intercession va se développer pour les morts et que dans ces conditions autant être le plus possible de l’endroit où sans cesse les gens prient."
Si les familles riches faisaient construire des chapelles pour y être enterrées directement, les plus pauvres eux, étaient enterrés dans des fosses communes, dans les cimetières autour des églises. Mais d’autres croyants très convaincus choisissent délibérément d’y être enterrés au milieu des pauvres. Depuis les cimetières s’agrandissent et par manque de place, ils sont pour certains de nouveau déplacés en périphérie des villes.
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