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Avec 37 listes, que dit la pléthorique offre politique aux européennes ? par Stéphane Vernay

Un article rédigé par Stéphane Vernay - RCF, le 22 mai 2024 - Modifié le 22 mai 2024
Le point de vue de 7h20Avec 37 listes, que dit la pléthorique offre politique aux européennes ? par Stéphane Vernay

POINT DE VUE DE STÉPHANE VERNAY - Aux élections européennes en 2019, 34 listes étaient en compétition, dans le contexte des gilets jaunes. Cette année, record battu : 37 listes. Mais quel est le signe de ce sursaut de candidatures ? Le point de vue de Stéphane Vernay, rédacteur en chef délégué et directeur de la rédaction de Ouest France à Paris.

Panneaux électoraux © GyrostatPanneaux électoraux © Gyrostat

Vous souvenez-vous du nombre de listes en compétition pour les élections européennes en 2019 ? 34. Record absolu ! Ce chiffre, très élevé pour un scrutin en France avait surpris. A l'époque, on avait mis cette prolifération sur le compte des gilets jaunes. Il y restait beaucoup de colère dans le pays après le grand débat national, et plusieurs listes se présentaient comme étant directement liées au mouvement.

Avec 34 listes en concurrence, on redoutait une "balkanisation" de la vie politique française, une "archipélisation" électorale et l'éparpillement des votes. Ce n'est pas ce qui s'est passé.

Le taux de participation a dépassé le seuil symbolique des 50% - une performance pour des élections européennes en France - et les citoyens ont concentré leurs votes. Six listes seulement avaient dépassé la barre des 5% des suffrages exprimés permettant d'avoir des élus au Parlement européen ; deux de plus que étaient au-dessus du seuil des 3% permettant de se faire rembourser une partie de ses frais de campagne... et 21 listes - 21 sur 34 - ont obtenu moins de 1% des voix.

Qu'en sera-t-il cette année ? Cinq ans après, même sans gilets jaunes, on recommence en pire. Samedi, on découvre que 37 listes prennent la ligne de départ. L'envie de candidater ne faiblit pas.
 

N'est-ce pas un signe de vitalité democratique ?

Oui. Voyons les choses du bon côté. Qu'autant de citoyens participent au débat est - a priori - une très bonne chose. Ce qui me gêne, dans cette affaire, c'est que nombre des listes qui se lancent dans la bataille cette année ne le font pas pour apporter des idées nouvelles, originales et positives, mais pour appeler à détricoter l'Europe. 

De Florian Philippot à François Asselineau en passant par Georges Kuzmanovic ou Francis Lalanne, pas moins de sept formations - peut-être plus - ne rêvent que de "frexit" au nom, disent-elles, de l'intérêt supérieur de la France.
 

Un vrai engagement électoral ?

Il est plus que probable que la plupart des 37 listes engagées cette année enregistrent des scores à la marge, comme en 2019. Ceux qui les portent le savent. Pour limiter les frais, la plupart ne feront imprimer ni programme, ni affiches, ni même bulletins de vote pour le 9 juin prochain. Ils vont conduire une campagne fantôme, sans intérêt ni objet, si ce n'est d'alimenter l'idée que l'Europe nous entrave et nous fait du tort quand il me semble, à moi, que l'Union nous a apporté la paix, la prospérité, et qu'elle constitue notre meilleure garantie pour l'avenir.

Je pense aussi à la curieuse image que cette accumulation de vrais-faux candidats va produire "sur le terrain", dans l'ensemble du pays. Songez aux mairies, qui vont devoir installer des panneaux d'affichage électoral en batterie. Dans chaque village, on verra bientôt 37 emplacements numérotés destinés à accueillir tout le monde, et dont plus de la moitié resteront vides jusqu'au 9 juin. Triste spectacle, métaphore du piètre état de notre démocratie, qui ne va pas donner envie aux citoyens de s'impliquer dans une campagne pourtant cruciale...
 

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